Mon engagement sur la liste d’Europe Ecologie est le prolongement naturel d’engagements que j’ai toujours eus  - Caroline Mécary

Caroline Mécary

Mon engagement sur la liste d’Europe Ecologie est le prolongement naturel d’engagements que j’ai toujours eus

Caroline Mécary, avocate qui a plaidé d'importants dossiers LGBT ces dernières années, est candidate d'Europe Ecologie dans le Val-de-Marne. Elle répond aux questions d'E-llico et explique les projets de sa liste pour la communauté LGBT.

E-llico.com / Actus

Mon engagement sur la liste d’Europe Ecologie est le prolongement naturel d’engagements que j’ai toujours eus
Caroline Mécary

Mis en ligne le 15/03/2010

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E-llico : Vous êtes une avocate connue de la communauté LGBT pour plaider des dossiers très sensibles sur l’égalité des droits, l’homoparentalité, les violences lesbophobes, pourquoi avoir choisi de prolonger ce combat juridique sur le terrain politique ?

Caroline Mécary : Mes engagements et ma pratique professionnelle englobent les questions LGBT et vont au-delà car ce qui me passionne avant tout c’est la question de la Justice et de sa place dans la société.

Par exemple, j’ai été l’un des avocats des sans papiers expulsés de l’Eglise Saint Bernard. Je participe actuellement aux Etats généraux de la justice, qui regroupe tous les professionnels du droit qui sont aujourd’hui mobilisés notamment contre la suppression du juge d’instruction, voulue par le Président de la république, dans un but idéologique évident. Enfin, depuis 2 ans, j’anime la fondation Copernic, think tank de gauche, qui fait le trait d’union entre toutes les composantes de la gauche, connue pour avoir lancé la mobilisation contre le TCE ou plus récemment mis sur la table la question de souffrance au travail et nous lançons actuellement un appel sur la réforme des retraites avec ATTAC.

Parallèlement j’ai toujours eu, dans mon métier d’avocate, une approche politique du droit, car le droit est éminemment politique : les lois sont votées par des majorités au Parlement et elles sont tout sauf neutre : exemple, la loi sur le racolage passif ou le projet de limitation la prescription en matière d’abus de bien social, qui sont des choix idéologiques de la droite. De sorte que mon engagement sur la liste d’Europe Ecologie est le prolongement "naturel" d’engagements que j’ai toujours eus et qui vont bien au delà des questions LGBT car cela fait des années que je porte un regard critique sur les mesures idéologiques qui sont adoptées à droite libérale.


Et pourquoi avec Europe Ecologie ?

Europe Ecologie est un rassemblement unique, singulier et donc original, qui regroupe à la fois les Verts et des personnalités venues de différents horizons associatifs, qui ont mené des combats que l’on ne qualifie pas de politique, mais qui pourtant le sont, car ils ont pour objet de modifier certaines manières de voir dans la société.

L’analyse politique effectuée par Europe Ecologie sur les questions sociales, économiques et environnementales et les réponses proposées, globales, concrètes, proches des citoyens me correspondent fortement, puisqu’il s’agit d’impulser un changement de société en replaçant le citoyen au centre des choix qui sont effectués et non la loi du profit qui broie une grande majorité de citoyens, tout en tenant compte des questions environnementales qui sont totalement liées à la façon dont nous appréhendons notre place dans le monde.

En quoi la région – plutôt que l’Assemblée Nationale par exemple – vous semble-t-elle le bon échelon politique pour mener les combats sur les questions LGBT ?

La région a la possibilité d’agir concrètement sur les problématiques d’égalité des droits. Cet enjeu est au centre de toutes les propositions d’Europe Ecologie pour le gouvernement des régions et donc y compris sur les questions LGBT.

Ainsi, il est possible d’agir au niveau du personnel du conseil régionale IDF, au niveau de la formation ; de même il est possible de conditionner les aides et les subventions à des engagements concrets d’égalité de traitement quel que soit le critère (age, sexe, race, handicap etc).
Autant de mesures qui au quotidien sont susceptibles de changer la vie des franciliens. Il n'est qu'à voir les réponses de Cécile Duflot à l’Inter-LGBT.

J’ajoute que l’action régionale n’exclut nullement l’action nationale et sur ce point, je souhaite participer à la création d’un groupe de députés Europe Ecologie important à l’Assemblée Nationale, car l’échelon national, est un échelon qui permet de peser sur la fabrication des lois dont la portée peut être très importante : regardez la loi sur le PaCS et les transformations symboliques qu’elle a entrainée.

Les socialistes qui dirigent la région Ile-de-France depuis 12 ans ont accordé des subventions aux associations LGBT et de lutte contre le sida, aux structures et événements gays, entrepris des actions de prévention de l’homophobie. En quoi Europe Ecologie apporte-t-elle des propositions innovantes dans ce domaine ? Autrement dit, quelles peuvent être les bonnes raisons pour un homosexuel de préférer voter Europe Ecologie plutôt que le PS ?

Ce qui a été fait en Ile-de-France est le fruit d’une politique qui a été menée par la majorité de gauche à laquelle les Verts ont largement contribué, ce qui a été fait est positif, mais il convient d’aller plus loin en travaillant plus particulièrement sur la question de l’homophobie au travail et de l’homophobie à l’école.

Les compétences de la région, aussi bien en matière de formation, de subvention des associations qui auront pour objet de faire de la prévention, par rapport aux discriminations d’une façon générale dans les lycées, sont des leviers importants de lutte contre cette situation.

Au-delà de cette réalité, je pense que ce qui fait la différence avec le PS, c’est que nous envisageons la direction de la région d’une façon globale et non par secteurs, car nous pensons que tout se tient.

Lorsque nous proposons par exemple la rénovation de logements sociaux afin de réduire par deux la facture énergétique de ceux qui y habitent par deux, nous ouvrons pour une égalité de traitement entre les différents franciliens, mais nous ouvrons aussi pour la création d’emplois qui sont durables et non délocalisables, et enfin, nous permettons par une telle mesure de lutter contre le réchauffement climatique etc.

Vous vous présentez en banlieue et les banlieues, les cités sont précisément un espace où l’homophobie se manifeste – parfois avec violence – de manière particulière par rapport notamment aux grands centres urbains où la tolérance a progressé. N’est-il pas temps de prendre ce problème à bras le corps et comment ?

Le hiatus qui existe entre ce qui peut se passer à Paris et dans les banlieues est une réalité trop souvent ignorée, c’est pourquoi je suis heureuse d’être candidate dans le Val de Marne.

J’ai été particulièrement frappée de cette situation lorsque j’ai défendu Cynthia et Priscilla, deux jeunes femmes vivant ensemble à Epinay-sous-Sénart, qui ont été victimes à la fois d’injures à caractère homophobe et de violences physiques consécutives.
Mes deux clientes ont été contraintes de déménager pour avoir la paix. Qui peut imaginer aujourd’hui, qui peut même tolérer aujourd’hui de devoir déménager simplement parce que l’environnement de proximité vous est hostile ?

Je crois qu’il convient d’agir au moins à deux niveaux : d’une part, il est impératif que, sur le plan national, nous ayons un positionnement clair et que nous revendiquions haut et fort un traitement égalitaire sur le plan des textes législatifs avec l’ouverture du mariage et l’adoption, car symboliquement cela renverrait ceux qui ont la tentation de comportements ou de propos homophobes dans une zone d’illégalité, ce qui n’est déjà pas rien.

Par ailleurs, l’homophobie en banlieue, liée aussi à la question du sexisme, est un symptôme d’un retour en arrière, qui selon moi un désengagement de l’Etat et une situation économique désastreuse.

L’accès à l’emploi étant de plus en plus difficile et cela entraîne un cercle vicieux : les parents ne sont plus des repères des enfants et l’école ne peut pallier tous les déficits parentaux. Nombreux sont les adolescents en déshérence, parce que depuis des décennies les choix politiques de la droite ont détruit le tissu économique ce qui se traduit par un désengagement de l’état dans tous les secteurs : l’industrie, les services publics de l’école ou de la santé.
C’est sur les décombres de ce désengagement de l’Etat qu’ont émergé des zones de non droit, des zones hors la Loi, qui favorisent la prééminence de la loi du plus fort ou de la loi de Dieu (j’y inclus toutes les croyances).

Pour lutter contre cette situation, nous devons d’abord rappeler les interdits et sanctionner s’il le faut, mais cela serait inutile et contreproductif si parallèlement nous n’oeuvrons pas impérativement pour que l’école redevienne un lieu de formation républicaine et pour cela nous devons trouver les moyens d’encadrer les élèves et non pas réduire le nombre d’effectifs et remplacer les surveillants par des caméras, car aucune caméra n’a jamais arrêté aucune violence.

Nous devons en parallèle redonner des emplois et a cet égard le projet politique d’Europe écologie est créateur d’emplois (plus de 17.0000) ; des emplois qui s’inscrivent dans la durée et qui se trouvent sur notre territoire (de la rénovation urbaine et énergétique en passant par la conversion de l’agriculture et la rénovation et réorganisation des transports nous pouvons mettre en route un cercle vertueux).

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