Derrière ce qui peut apparaître comme des nuances, se profile un malaise entre l'UMP et son mouvement interne LGBT GayLib dont la nouvelle direction déchante face aux promesses non tenues de Nicolas Sarkozy face à la communauté LGBT.

Le Secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, a reconnu que le projet d'union civile promise par Nicolas Sarkozy pendant sa campagne présidentielle ne se ferait pas, lors d'une rencontre avec GayLib, le 15 juin dernier. Il a expliqué que le gouvernement n'aurait pas de majorité pour un tel projet, les parlementaires de droite y étant hostiles.

"Nous continuons à faire confiance à Nicolas Sarkozy et au gouvernement pour mener à bien les réformes dont la France a besoin, au premier rang desquelles l’indispensable retour à l’équilibre des finances publiques", prend soin de préciser Emmanuel Blanc, le président de GayLib avant de dresser un constat amer sur les dossiers LGBT.

"Concernant les sujets spécifiquement LBGT, nous ne pouvons aujourd’hui que constater un grand décalage entre les revendications du mouvement gay dans son ensemble - et de GayLib en particulier - et les positions de l’UMP", poursuit-il.

Deux dossiers principaux - qui avaient fait l'objet de promesses lors de la campagne présidentielle de 2007 chagrinent les militants de GayLib : l'Union civile et le statut du tiers.

"Si de nombreuses avancées permettent de penser que le gouvernement ne se désintéresse pas des questions LGBT, les deux grandes réformes qu’il s’était engagé à faire sont aujourd’hui au point mort", constate Emmanuel Blanc.

"A l’heure où toute l’Europe accorde le mariage civil à tous les couples, où le gouvernement conservateur britannique fraichement élu consacre un véritable programme d’inclusion pour les gays lesbiennes et trans, notre famille politique semble incapable de se saisir de ces sujets et fait du sur place", regrette-t-il.

Et pour la première fois de son histoire, GayLib met en avant son indépendance face au parti présidentiel au point de dire qu'elle "s’accommodera" pas de l'inaction de la majorité sur les réformes LGBT.

"Notre soutien ne peut se manifester que dans l’exigence et le respect de la parole donnée", affirme GayLib. Nous appelons ainsi notre famille politique à se ressaisir rapidement, et à mettre en œuvre, par l’inscription de ces mesures (Union civile et statut du tiers,ndlr) au calendrier parlementaire, l’esprit de liberté, de tolérance et de responsabilité qui la caractérise".

Ce rappel à l'ordre, à quelques jour de Marche des Fiertés, marque un coup de froid dans les rapports entre l'UMP et GayLib qui souligne qu'il est un mouvement "associé" et "indépendant".
Cette année d'ailleurs, Gaylib défilera sous ses propres et seules couleurs et son char ne sera pas financé par l’UMP et n’en portera pas le logo.

Cette mesure manifeste une certaine prise de distance; elle a sans doute aussi pour objectif de tenter d'éviter les incidents qui ont marqué les deux derniers défilés, quand la présence visible de l'UMP en tant que telle sur la marche avait déclenché la protestation de manifestants qui dénonçaient l'homophobie du parti présidentiel.

> Revoir la vidéo de la contestation de l'UMP autour du cher de GayLib lors la marche de 2008 :