Il ne faut pas faire de procès d’intention - Louis Schweitzer

Louis Schweitzer

Il ne faut pas faire de procès d’intention

Président de la Halde, Louis Schweitzer revient pour Illico sur la polémique liée à la composition de ses instances dans lesquelles ne figure aucun représentant LGBT. Interview.

E-llico.com / Actus

Il ne faut pas faire de procès d’intention
Louis Schweitzer

Mis en ligne le 10/10/2005

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Les critiques pleuvent sur la HALDE. Un collectif d'associations anti-racistes et gay -dont l'Inter-LGBT qui avait déjà qualifié de "faute" la non-admission de représentant gay au sein du comité consultatif de la HALDE- estime que "l'ensemble du mouvement LGBT" est "exclu" des instances de l’Autorité.

Le président de la Halde, Louis Schweitzer, répond à ces critiques pour Illico.

Comment expliquez-vous qu’aucune association LGBT n’ait été retenue pour le comité consultatif de la Halde ?

Le comité consultatif est conçu avec un nombre limité de places : 18. Le collège a choisi un certain nombre de structures qui représentent différents motifs de discrimination ou des experts des droits de l’Homme en général. C’est vrai qu’il n’y a pas de représentant spécifique pour les homosexuels ou sur la question du VIH. Cela témoigne-t-il du fait que ces questions ne seront pas traitées à l’égal des autres ? La réponse est non. D’ailleurs, nous avons déjà été saisis sur ces sujets et avons déjà travaillé sur des cas. Je ne crois pas qu’il faille faire un procès d’intention à ce propos.

Pour autant, vous faites vous-même le constat que les discriminations liées à l’orientation sexuelle sont méconnues. N’aurait-il pas été utile, sur cette question, de faire un geste ?

Quand on compose un comité consultatif, on est toujours amené à faire des compromis. Et dans un compromis, il y a toujours quelque chose qu’on regrette de n’avoir pas pu faire. J’ai reçu à plusieurs reprises des associations LGBT : c’est, pour moi, le signe que le travail avec elles se poursuit.

A ce jour, vous avez reçu plus de 600 demandes de saisine. Combien concernent l’orientation sexuelle ? Combien concernent la séropositivité ?

Les discriminations liées à l’orientation sexuelle représentent, pour le moment, 3 % des demandes de saisine. Concernant les discriminations liées à la séropositivité, le chiffre est de dix cas. Il peut sans doute y avoir des cas où les deux motifs de discrimination se superposent mais je ne peux pas vous dire combien sont concernés.

Comment expliquez-vous ces chiffres relativement bas ?

C’est à la fois beaucoup et peu. Les premières données recueillies nous montrent, concernant la séropositivité, que ce chiffre est très important par rapport au nombre d’affaires de discrimination liées au VIH qui arrivent en justice [à ce jour, trois en 15 ans]. C’est important mais encore trop peu compte tenu de tout ce qu’on sait sur le nombre de discriminations qui existent. Ces chiffres bas s’expliquent aussi par un déficit de notoriété de la Halde. Nous nous employons à mieux faire connaître cette instance. Ce n’est pourtant pas parce que les gens savent que la Halde existe qu’ils auront envie de la saisir. Il est nécessaire que les gens aient la conviction que cela va servir. Il est impératif pour nous de démontrer que notre intervention peut être utile. Enfin, il y a des raisons propres à l’homophobie. D’une part, c’est une discrimination dont la reconnaissance officielle est récente. Les gens n’ont sans doute pas encore le même réflexe comme ils l’ont par rapport au racisme, pénalisé depuis longtemps. Et puis, il y a à l’évidence une hésitation des personnes concernées à demander de l’aide, à témoigner. Enfin, un dernier facteur joue, c’est la difficulté dans un certain nombre de cas à établir la preuve de la discrimination.

La Halde a été saisie par le salon Rainbow Attitude. Estimez-vous que le rejet de cette campagne est une discrimination homophobe ?

Nous avons reçu la demande de saisine le 30 septembre. Nous allons instruire très vite le dossier et le présenter au collège, je ne peux pas en dire plus.

Propos recueillis par Jean-François Laforgerie

Mis en ligne le 07/10/05

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