Bon, alors, ce pape ? Soyons francs, il ne nous déçoit pas. La réputation de conservatisme, d’intransigeance, d’intolérance, qui était celle du cardinal Ratzinger prend toute sa dimension depuis qu’il s’est métamorphosé en Benoît XVI. Dans sa fougue à couper tout ce qu’il considère comme les branches pourries de son Eglise, le dernier pontife en date va même au-delà de nos plus folles espérances. Car pour ceux d’entre nous, gays et chrétiens, qui pensaient encore que la religion catholique était charitable envers leur déviance, les choses, grâce à Benoît, sont claires : désormais, du côté du Vatican, c’est haro sur les pédés, et les gardes suisses de Saint-Pierre ont ordre d’embrocher tout celui qui oserait s’approcher de Sa Sainteté…

On en rajoute ? Allez, oui, un chouilla. Mais en attendant le retour des bûchers de la sainte Inquisition envers les sodomites, il faut bien se défouler un peu. Je vois déjà d’ici les mails outrés qui m’attendent, me reprochant de ne m’en prendre qu’à la religion catholique en épargnant les autres : qu’on se rassure, j’en ai autant à leur sujet et je n’ai strictement aucune illusion sur la manière dont elles nous jugent et nous condamnent aux pires damnations. Sauf que voilà, une fois de plus, c’est du côté de nos amis les cardinaux, évêques, prêtres and co que ça se passe, la mise au ban des gays.

La dernière lubie en date, l’interdiction de la prêtrise à tous ceux qui pourraient manifester des tendances homos mais aussi l’anathème jeté sur les tenants de la culture gay et sur ceux qui les soutiennent, est tellement grotesque, caricaturale et provocatrice — presque autant que celle des députés UMP réhabilitant les vertus de la colonisation : le cauchemar continue ! — que tous les médias (et notamment tous les journaux télévisés) s’en sont faits l’écho pour s’étonner et s’émouvoir de la radicalisation en cours à Rome. Avec cette politique agressive, le pape — moins patelin, moins roué, moins doué, moins habile ou moins hypocrite que son prédécesseur — ne fait que prolonger une attitude permanente de sa religion envers l’homosexualité.

Pour ceux qui en douteraient encore, plutôt que dans son nouveau catéchisme en forme de bréviaire de l’interdiction tous azimuts, on conseillera de plonger dans le réjouissant thriller théologique d’Olivier Delorme, cette "Quatrième révélation" (H&O Edition) qui dévoile les arrière-pensées et les refoulés homos pas jolis-jolis de deux mille ans de christianisme.

Didier Roth-Bettoni