Pour Christian Vanneste, <I>la démocratie est en suspens</I> depuis sa condamnation  -

Pour Christian Vanneste, la démocratie est en suspens depuis sa condamnation

Condamné pour ses propos homohobes, le député UMP du Nord, Christian Vanneste, revient, pour Illico, sur sa condamnation et ses conséquences.

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Pour Christian Vanneste, la démocratie est en suspens depuis sa condamnation

Mis en ligne le 07/02/2006

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Comment avez-vous réagi à cette condamnation ? Qu'en pensez-vous ?

Je pense que cette condamnation est inique et j’ai fait aussitôt appel. Pour moi, la démocratie est en suspens depuis ce jour. On reproche à un parlementaire d’expliquer, à la demande des journalistes, pourquoi il s’est opposé à une loi. Et c’est en vertu de cette loi que l’on me condamne ! Je tiens à dire très solennellement que la dernière fois que le principe de non-rétroactivité des lois a été violé, c’était sous Vichy ! (ndlr : les propos sanctionnés de Christain Vanneste ont été tenus après le vote de la loi). D’autant plus que mes propos ne sont aucunement des injures à des personnes, ce qui est en effet réprimé par la loi et tant mieux, mais simplement des jugements de valeur sur le rapport de comportement avec l’intérêt général.

Considérez-vous toujours que la loi sur les propos homophobes constitue une atteinte à la liberté d'expression ?

Votre question est ambiguë. Si vous me demandez s’il est normal de condamner les injures personnelles, je vous réponds évidemment oui, la loi est nécessaire. Mais si cette loi ne permet pas de porter des jugements sur les comportements, alors là, bien sûr c’est une grave atteinte à la liberté d’expression. Comment pourrais-je justifier mon opposition à l’homoparentalité, aujourd’hui en débat, si je ne peux pas dire que les comportements homosexuels sont moins bons que les comportements hétérosexuels qui conduisent naturellement à la procréation ? J’ajoute que c’est ce que pense Voltaire dans le "Dictionnaire philosophique", mais aussi ce que disent les trois religions monothéistes. Aujourd’hui, Voltaire serait condamné !

Que pensez-vous de ceux, notamment au sein de l'UMP, qui réclament votre exclusion du parti, ou tout le moins que vous ne soyez pas investi par l'UMP pour les prochaines
législatives ?


La grande différence entre moi et mes opposants dans ce débat, c’est que, pour ma part, j’accepte parfaitement que mes opposants puissent s’exprimer. De très nombreux collègues me soutiennent et ma position, même si je ne prétends pas détenir la vérité, est celle des sympathisants de mon parti qui prône, dans ses statuts, la liberté d’expression, la pérennité de la Nation et l’épanouissement de la famille. Je suis donc tout à fait en accord avec mon parti. J’ajoute que pour moi, il n’y a qu’une seule communauté, la communauté nationale. Il y a aujourd’hui 205 parlementaires et 11 000 maires qui prennent position contre le "mariage" et l’adoption par des personnes se réclamant de mœurs homosexuelles.

Comment envisagez-vous votre carrière politique après cette condamnation ? Pensez-vous qu'elle peut vous aliéner ou, au contraire, vous attirer la sympathie des électeurs ?

Dans ma circonscription, les réactions sont très positives. Mais de toute façon, je ne fais pas de la politique "à la petite semaine" pour des places ou pour une carrière, mais bien pour défendre mes convictions sans avoir la prétention de les imposer.

Propos recueillis par Julien Picquart

Mis en ligne le 07/02/06

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