Une série d'agressions homophobes, toutes plus violentes les unes que les autres, a ponctué cet été 2006. Parmi les affaires ayant fait parler d'elles, retenons, dans la nuit du 18 au 19 juillet, l'agression de deux homosexuels nîmois commise par un groupe de cinq jeunes au Jardin de la Fontaine. Plus inquiétante encore, l'agression continue de deux gays d'Ivry-sur-Seine. Insultés des semaines durant, menacés d’être brûlés parce qu’ils sont gay, Laurent et Nicolas voient leur vie basculer lorsqu’un groupe de jeunes de leur cité lance, dans la nuit du 13 au 14 juillet, dans leur appartement un cocktail Molotov. Ils sont contraints de quitter leur logement après des nuits d'angoisse. "Au commissariat, on nous avait dit qu’il ne serait pas possible de rester dans ce quartier, ni même à Ivry" raconte les deux hommes. Le 18 juillet, les sept personnes interpellées par la police dans cette affaire ont été déférées par le parquet de Créteil pour une comparution immédiate. Le procès a été renvoyé au 5 septembre devant le tribunal correctionnel de Créteil. Les prévenus seront jugés pour injures et menaces de mort à caractère homophobe. Ceux qui sont soupçonnés d’avoir jeté le cocktail Molotov seront jugés pour tentative de dégradation par moyen incendiaire. Deux autres le seront pour complicité. En attendant, tous ont été remis en liberté et placés sous contrôle judiciaire.

Plus dramatique enfin — car la vie d'un homme est en jeu —, l'agression terrible de Bruno Wiel, découvert dans un bosquet du Parc des Lilas de Vitry-sur-Seine le 21 juillet, nu et couvert d'ecchymoses, le visage tuméfié. Souffrant d'un traumatisme crânien et thoracique grave, ce comptable habitant dans le XIVe arrondissement de Paris, a été placé dans un coma artificiel dont il n'est pas sorti depuis. Les enquêteurs du service départemental de police judiciaire du Val-de-Marne, chargé du dossier, ont lancé un appel à témoins pour tenter d'éclaircir les conditions de son agression. Agression pour vol, différend, agression homophobe : toutes les hypothèses restent ouvertes dans ce dossier. Une information judiciaire pour tentative d'homicide volontaire, enlèvement et séquestration avec actes de barbarie a été ouverte par le parquet de Créteil. Outre l'appel à témoins, des affichettes ont été placardées dans plusieurs établissements fréquentés gay dans le quartier du Marais à Paris où la nouvelle de l'agression a créé un choc dans la communauté.