l'avenir est sombre pour les gays - VIH

VIH

L'avenir est sombre pour les gays

Lors de la conférence sur le VIH de Toronto, scientifiques, chercheurs et militants ont affiché leurs craintes concernant la communauté gay. Il faut dire que toutes les projections sont pessimistes pour les gays des pays riches. Responsable à Sida Info Service, Pierre-Olivier de Busscher, présent à Toronto, revient sur cette situation pour Illico.

E-llico.com / Actus

l'avenir est sombre pour les gays
VIH

Mis en ligne le 11/09/2006

Tags

Sur le même sujet

 la 17e conférence sur le sida aura lieu à Mexico en 2008
VIH
la 17e conférence sur le sida aura lieu à Mexico en 2008
 ouverture de la 16e conférence sida, après 25 ans d'épidémie
Toronto
ouverture de la 16e conférence sida, après 25 ans d'épidémie

Les chiffres concernant les contaminations chez les gays ne sont pas bons (lire chiffres ci-dessous). Cela inquiète mais ce n’est pas une réelle surprise. "L’ambiance générale était partagée entre évidence et lassitude. La découverte du problème qu’est le sida chez les gays n’est évidemment plus une nouveauté et les mauvais chiffres sont régulièrement publiés, explique Pierre-Olivier de Busscher, responsable à Sida Info Service. C’est d’ailleurs un des effets négatifs de ce type de conférence qui globalise et relativise tout. Concernant les gays, nous avons eu la confirmation de données inquiétantes pour les pays occidentaux et pour les pays émergents, Thaïlande par exemple mais aussi certains pays de l’Est, l’affichage d’un volontarisme en matière de prévention comme celui que nous avons connu, ici, il y a vingt ans. C’était comme si, il y avait deux niveaux de réalité pour les gays. Une chose est certaine, il est clair que dans les pays industrialisés (Etats-Unis, Australie, Canada, pays d’Europe...) les homosexuels restent une priorité de santé publique. C’est moins le cas ailleurs. N’oublions pas que cette conférence mondiale sur le sida est désormais principalement axée sur l’Afrique et l’Asie."

Du côté des politiques et stratégies de prévention, la conférence n’a pas donné lieu à des annonces fracassantes. "Il n’y a pas de nouveautés réelles, note Pierre-Olivier de Busscher. En revanche, une campagne australienne réalisée à partir de témoignages de séronégatifs qui le sont restés, me semble être une bonne piste à exploiter. Les résultats montrent qu’elle a eu un impact et qu’elle n’a pas été vécue comme discriminante par les séropositifs. Il faut dire qu’elle présente des témoignages réels et pas des cogitations de publicitaires. La parole des séronégatifs est intéressante dans le contexte d’aujourd’hui qui voit d’un côté des jeunes gays qui connaissent l’essentiel en matière de VIH mais accusent tout de même quelques lacunes, et de l’autre des gays de 35/45 ans qui ont joué le jeu de la prévention pendant de longues années et se mettent à faire n’importe quoi aujourd’hui. Je pense d’ailleurs que notre défi principal porte sur cette question des aînés, des difficultés à maintenir la prévention à long terme. C’est d’autant plus sérieux qu’il n’y a pratiquement pas d’études sur les gays âgés."

La question du "sérotriage" n’a que très peu été abordée. "Il s’agissait d’une étude comparative des résultats de plusieurs études qui, hélas, n’a rien donné d’éclairant. On manque trop d’études pour qu’un tel travail ait un intérêt à l’heure actuelle" avance Pierre-Olivier de Busscher. "La question de la santé gay a été abordée à Toronto, mais dans le cadre d’une réflexion sur "la santé LGBT". Il faut arrêter les confusions. Il n’est pas certain que transsexuels et gays soient confrontés aux mêmes problèmes".

Jean-François Laforgerie

>> Des chiffres inquiétants

La contamination des gays et bisexuels au virus VIH est à la hausse dans les pays développés et aux Etats-Unis, indiquent des études présentées le 17 août dernier lors de la conférence mondiale sur le sida. Une étude réalisée par des chercheurs de l'Université de Pittsburgh (Pennsylvanie) prévoit ainsi une forte progression de la maladie dans les années à venir aux Etats-Unis, au Canada, eu Europe de l'Ouest, en Australie et en Nouvelle-Zélande, si le taux d'incidence (nombre de nouvelles contaminations sur un an) ne ralentit pas. Avec un taux d'incidence estimé aujourd'hui à 1,9 %, l'étude estime que 8 % des gays âgés de 20 ans sont séropositifs. Ce qui signifie qu'un quart de cette population sera infecté à 30 ans, et qu'à 60 ans le taux de prévalence sera de 58 %, selon des projections statistiques. "Le maintien de tels taux d'incidence donnera de très hauts taux de présence du VIH à chaque nouvelle génération de gays", préviennent les scientifiques qui s'alarment notamment de l'explosion de la contamination chez les gays noirs américains, pour qui le taux d'incidence est de 4 % chez les 15-22 ans et 15 % chez les 23-29 ans. Au rythme de 4 %, 75 % des gays noirs américains aujourd'hui âgés de 20 ans seront séropositifs à 50 ans.

Mis en ligne le 07/09/06

Retrouvez les archives d'Illico / E-llico.com.

Plus 40.000 articles de la rédaction retraçant la vie de la communauté LGBT dans les domaines politique, sociétal, culturel et sanitaire de 2001 à 2022.

Tapez un mot-clé exprimant votre recherche dans le moteur de recherche ci-dessus.