Eddie Aït, un élu gay
Conseiller régional (PRG) d’Ile-de-France ouvertement gay, Eddie Aït, revient sur sa propre expérience et parle de l’exception française. Une de plus !"La France est une République, c'est-à-dire un système politique complexe et contradictoire. La reconnaissance du mérite et le devoir de solidarité se mêlent à l’expression de plus en plus visible de discriminations insupportables. Et pourtant, toute forme de revendication identitaire, ayant pour objet de tendre à plus d’égalité entre les citoyens, s’apparente à une forme de communautarisme. Nombreux sont alors les élus — homosexuels — qui n’assument pas d’apparaître comme des défenseurs "d’intérêts particuliers". Pourtant, la mobilisation sociale des homosexuels contre les discriminations les touchant s’inscrit uniquement dans une logique universaliste et républicaine. Ce qui m’amène à penser que le courage manque à certains politiques. C’est la raison pour laquelle, j’ai décidé de ne pas dissimuler mon homosexualité et d’agir pour l’égalité réelle.
Porter l’information de son orientation sexuelle dans le domaine public relève de la démarche personnelle et d'une réflexion intime. Aussi, je dénonce et condamne les outing forcés. Toutefois, il apparaît important que les élus homosexuels — ou pas d’ailleurs — n'oublient pas les discriminations qui persistent dans la société et dont sont parfois victimes les homosexuels. Tel est le sens de ma démarche. Personnellement, je suis investi dans un département particulièrement ancré à droite, celui des Yvelines. Il compte de nombreuses personnalités connues pour leur engagement contre le mode de vie homosexuel. Toutefois, je n’ai encore jamais fait l’objet d’attaques et même si de nombreuses personnes peuvent encore apparaître interloquées ou surprises, rien ne me permet de dire aujourd’hui, que mon orientation sexuelle, connue de mes électeurs, et notamment sur ma commune, peut être un frein à ma carrière. Et, je n’envisage aucunement de devenir hétérosexuel pour garantir ma réélection et assurer mon avenir politique."