Ségolène Royal objet de toutes les attentions  - Investiture socialiste

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Ségolène Royal objet de toutes les attentions

A quelques jours du vote des militants socialistes pour désigner leur candidat à la présidentielle de 2007, Homosexualités et Socialisme a dressé un bilan comparatif des réponses des trois postulants sur les questions LGBT au cours d'une réunion samedi 11 novembre à Paris.

E-llico.com / Actus

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Mis en ligne le 15/11/2006

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Faire de "2007, l’année de l’égalité des droits", tel est l’objectif d’Homosexualités et Socialisme. Dans le cadre de la campagne pour l’investiture socialiste à la présidentielle, l’association a demandé aux trois candidats d’exposer, lors d’une réunion publique, samedi 11 novembre à Paris, leurs engagements sur les revendications LGBT.

"Est-ce que les candidats ont fait la salle ?" demande, ironique, un des participants en se glissant sur les bancs encombrés de l’espace Kiron. A l’évidence, c’est la phrase du moment au PS. En fait, pas du tout. Chaque candidat à l’investiture PS pour l’élection présidentielle — Laurent Fabius, Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn — a pu compter, ce samedi 11 novembre, ses soutiens, ses fans, ses opposants et ses contempteurs. Ils sont là, parmi les militants d’Homosexualités et Socialisme (HES), les simples sympathisants, les adhérents socialistes ou les responsables d’associations, venus en foule — plus de 100 personnes — écouter les positions des trois concurrents sur les revendications LGBT lors de l’unique réunion exclusivement consacrée à ce sujet.

HES a bien fait les choses. Histoire d’éviter les généralités, l’association, qui effectue un intelligent lobbying au sein du PS sur la question de l’égalité des droits, a adressé, il y a quelques semaines, un questionnaire aux différents candidats. Un questionnaire en dix-sept points qui parle aussi bien du recours à la PMA pour les couples lesbiens, que de l’introduction de la notion d’orientation sexuelle dans la Constitution, du retrait du transsexualisme de la liste des maladies mentales que de l’ouverture du droit d’asile aux victimes étrangères de discriminations homophobes… Un questionnaire permettant enfin aux trois concurrents d’affiner leurs engagements, de préciser leurs positions et de défendre leurs choix notamment sur des sujets inédits.



Chacun s’est plié à l’exercice avec d’autant plus de bonne grâce qu’il est évident pour tous que l’égalité des droits sera un des grands thèmes sociétaux de la campagne 2007 et que les trois candidats sont d’accord sur l’essentiel : l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe. Absents, les trois candidats ont envoyé leurs représentants —Christophe Chantepy pour Ségolène Royal, Marie-Pierre de la Gontrie pour Dominique Strauss-Kahn et Laurence Rossignol pour Laurent Fabius— (voir photo) —pour présenter leurs engagements.

Ils sont d’accord, à quelques nuances près, pour un renforcement de la Halde, une amélioration du PaCS avec sa signature en mairie, la dépsychiatrisation du transsexualisme, la reconnaissance officielle de la Journée Mondiale de lutte contre le sida, ou le refus des mères porteuses… Mais il existe aussi des différences. Ainsi Dominique Strauss-Kahn indique clairement que l’orientation sexuelle et l’identité de genre doivent être mentionnées dans l’article 1 de la Constitution française, Laurent Fabius n’y est "pas hostile" et Ségolène Royal n’évoque pas le sujet. Ainsi, seul Laurent Fabius se dit en faveur de l’ouverture de l’insémination artificielle par donneur aux couples lesbiens. Et il y a bien d’autres exemples (1).

Mais qu’on se rassure, sur l’essentiel, tout le monde est d’accord. Le PS doit vraiment ouvrir le mariage et l’adoption aux couples de même sexe. Tout le monde est d’accord sur le fond, reste la méthode. A l’évidence, les trois candidats ont tiré les leçons du PaCS. L’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe doit se faire par la voie noble, c’est-à-dire au moyen d’un projet de loi unique rapidement examiné. "Je pense que c’est une réforme que le gouvernement de gauche devra conduire dans les meilleurs délais" explique ainsi Laurent Fabius. Pour Dominique Strauss-Kahn : "Cette loi emblématique devra être expliquée aux Français, par le Président de la République lui-même et déposée comme un projet de loi
gouvernemental". Pour Ségolène Royal, il faut aussi un projet de loi unique. La candidate indique qu’elle a la "volonté de conduire ces réformes avec tact mais détermination, pour convaincre une majorité de Français sur des sujets à propos desquels on connaît leurs réticences. Mais l’explication et l’appui sur des principes stables devraient faire bouger les lignes. Le mariage, l’adoption, mais aussi l’amélioration du PaCS sont dans le projet socialiste : le débat aura lieu et une majorité de gauche votera un texte les mettant en application." On est donc content d’apprendre que le PS (s’il revient aux affaires) ne devrait pas nous refaire le coup du PaCS. C’est déjà ça.

Assez détendue, pas trop formaliste, parfois drôle, l’ambiance de la réunion du 11 novembre a néanmoins montré que perdurait, en matière de revendications LGBT, un problème Ségolène Royal. La favorite des sondages a bien de nombreux supporters, mais, à l’évidence, la sincérité de ses engagements en faveur des droits LGBT fait douter certains et rend d’autres hostiles. C’est sans doute la conséquence d’avoir, par exemple, choisi de s’exprimer sur ces questions en tant que "mère de famille", ou d’avoir laisser supposer qu’une fois élue elle voulait ouvrir la discussion avec les Français sur le mariage homo plutôt que de le faire voter. Il a fallu des trésors de diplomatie et de conviction à son représentant, Christophe Chantepy, pour rappeler le bilan, réel, de Ségolène Royal en faveur des droits des LGBT. Ce n’est pas le moindre des paradoxes, mais c’est celle qui a fait objectivement le plus qu’on semble le moins croire. Favorite des votes du 16 novembre, Ségolène Royal fait désormais l’objet de toutes les attentions. A l’évidence, c’est le message que voulait lui adresser les partisans de ses concurrents : "Si c’est toi qui est choisie, on ne te lâchera pas sur ces questions."

Jean-François Laforgerie

(1) Les réponses écrites complètes des trois candidats sont accessibles sur www.hes-france.org

Lire notre dossier "Parti socialiste : lequel des 3 ?

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