"Du point de vue policier, c'est une manifestation à hauts risques comme il n'y en a pas eu depuis longtemps en Serbie", a déclaré le ministre de l'Intérieur serbe, tout en assurant aux organisateurs faire "tout son possible pour maintenir l'ordre public et la paix".

Ce jeudi, il a lancé un appel au calme et au respect de l'ordre public pendant la tenue de la manifestation gay. Des milliers de policiers seront mobilisés pour assurer la sécurité du défilé dont le début est prévu dimanche en fin de matinée, a-t-il garanti.

Selon le journal Politika, les services de sécurité serbes disposent d'indices selon lesquels des groupes d'ultra-nationalistes et de supporteurs de football projettent de provoquer des incidents et d'agresser les participants à la manifestation.

Les organisateurs du défilé seront les "uniques responsables" de ce qui pourrait se passer si la manifestation a lieu, a mis en garde dans une déclaration à Politika Mladen Obradovic, le secrétaire général du mouvement ultra-nationaliste "Obraz" (Honneur).

Le Mouvement populaire serbe (SNP) 1389, un autre groupuscule ultra-nationaliste, a annoncé de son côté qu'il organiserait, à partir de samedi soir et jusqu'à dimanche matin, une "Fête populaire serbe absolument non violente et rassemblant des personnes sexuellement non-déviantes".

Les organisateurs de la gay pride à Belgrade ont, pour leur part, lancé un appel à l'église orthodoxe serbe la priant d'"appeler ses fidèles à s'abstenir dimanche de toute violence", celle-ci étant contraire à la tradition et aux valeurs de l'orthodoxie.

La manifestation belgradoise bénéficie de quelques soutiens publics dans la société civile. Ainsi, des personnalités ont exprimé leur appui à la manifestation, comme des acteurs, réalisateurs, musiciens et des journalistes. Une première en Serbie.

Au niveau européen, l'organisation socialiste LGBT Rainbow Rose a lancé un appel au président serbe Boris Tadic et au Parti démocratique afin qu'ils soutiennent le défilé de la fierté homosexuelle du 20 septembre.

Depuis la France, l'Inter-LGBT a demandé aux autorités de "s’assurer que les participants se verront garantir la liberté de réunion et d’association et que tous les participants et les organisateurs de la Belgrade Pride seront protégés contre toute agression physique".
L'Inter demande aussi à ce que toute personne qui menacerait ou agresserait contre les organisateurs ou les participants à la Belgrade Pride ("y compris les menaces verbales et les menaces proférées dans la presse ou par voie de media électronique") soient traduites en justice.

Le Centre LGBT de Paris - tout comme GayLib, le mouvement interne à l'UMP - va plus loin et demande pour sa part que les députés européens, les ambassadeurs européens en poste à Belgrade, le gouvernement Français et le Quai d’Orsay se mobilisent.

La première parade gay jamais organisée en Serbie, en 2001 à Belgrade, avait été marquée par des violences. La police n'avait pas réussi à empêcher des supporteurs de football, des nationalistes et des skinheads de s'en prendre aux participants.

Mis en ligne le 17/09/2009