Il avait passé le contrôle des passeports quand il a été arrêté par la police des frontières.

Nikolai Alekseev a été emmené dans une pièce fermée de l'aéroport pour une mise en détention immédiate sans qu'aucun motif ne lui soit indiqué. Toutefois, il a été en mesure de contacter un ami et l'agence Interfax avant que son téléphone ne lui soit confisqué.

Trois de ses amis se sont rendus à l'aéroport pour demander où il se trouvait, mais la police, leur a indiqué qu'il n'était pas là.
Un des policiers aurait suggéré qu'il pourrait être sous la garde de la FSB, l'ancien KGB.
Des méthodes "dignes de la Gestapo", estime un des collègues de Nikolai Alekseev, Alexeï Davydov.

Dans un sms envoyé ce matin, le militant explique "ne pas pouvoir dire grand chose pour l’instant (...) la pression étant énorme". Il précise ne pas se trouver à Moscou, mais être "à peu près libre à présent".

Selon des média russes citant plusieurs militants LGBT locaux il aurait été emmené à 600 kilomètres de l'aéroport et aurait subit des pressions afin de retirer les multiples plaintes déposées par lui et son association à l'encontre de la Russie auprès de la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) pour violation des droits des personnes LGBT.

L'organisation GayRussia avait déposé mardi une demande d’autorisation de manifester, le 21 septembre prochain, contre le maire de Moscou.

Le site Internet GayRussia.ru, dont Nikolai Alekseev est l'éditeur, est actuellement inaccessible.

Réactions

En France, Ian Brossat, Président du Groupe communiste au Conseil de Paris et Nicole Borvo, Sénatrice de Paris, ont écrit à l’Ambassadeur de Russie en France, pour lui faire part de leurs inquiétudes quant au sort de Nikolai Alekseev.

L’Ilga-Europe se dit aussi "très inquiète" pour la sécurité du militant gay; elle "exige (sa) remise en liberté immédiate et sans condition" et "qu’il soit immédiatement mis fin aux pressions et intimidations dont il fait l’objet pour retirer ses plaintes devant la CEDH".

"Il semblerait que les autorités russes aient compris qu’une défaite humiliante devant la Cour européenne des droits de l’Homme est inévitable et tentent par des moyens désespérés comme l’intimidation, la menace et l’enlèvement d’y échapper", estime l'Ilga.

Louis-Georges Tin, Président du Comité IDAHO demande au gouvernement français d'intervenir dans les meilleurs délais "afin d'obtenir des explications sur le sort de Nikolai et demander sa remise en liberté immédiate".

"Cet incident est d'autant plus choquant alors qu'il intervient lors de l'année croisée France-Russie et que la Russie est systématiquement montrée du doigt pour son traitement des droits des personnes LGBT depuis plusieurs années", souligne Louis-Georges Tin.

Mis en ligne le 16/09/2010

Mise à jour 16/09/2010 20h : Nikolai Alekseev libéré

Nikolai Alekseev a été libéré jeudi après-midi et se trouvait alors à Minsk, en Biélorussie, selon un communiqué de GayRussia reçu par e-llico.
Ses amis indiquent espérer donner davantage d'informations à son sujet quand il pourra mieux communiquer, sans doute ce vendredi, et remercient tous ses soutiens.
"Ils voulaient me faire signer un papier disant que je retirais les plaintes devant la Cour européenne des droits de l’Homme concernant les gay prides interdites de Moscou, dans le cadre d’un accord, a indiqué Nikolai Alekseev par sms à Interfax. Je serai de retour en Russie dans les prochains jours et participerai mardi à la manifestation contre Luzhkov. C’est une question de principe et je ferai de mon mieux pour être là".