Défendu par la plupart des associations (Act Up, Aides, Sida Info Service…), mis au cœur de l’actualité par la décision de Noël Mamère d’en célébrer un, le mariage gay est devenu l’enjeu politique majeur du printemps avec la décision du Parti Socialiste de le mettre à son programme.

Par Julien Picquart

Enfin ! Le Parti Socialiste se dit enfin officiellement pour l’ouverture du mariage aux homos ! Le 11 mai, son Premier secrétaire, François Hollande, a annoncé que son parti allait travailler à deux propositions de loi sur le mariage et l’adoption. Un groupe de travail, animé par Patrick Bloche, un des pères du PaCS, va être créé et un texte sera déposé à l’Assemblée Nationale à l’automne. Son contenu est encore imprécis, mais la promesse est faite. Il n’empêche : quelques jours avant cette déclaration, la réforme du PaCS restait la priorité affichée du PS. Et le bureau national du 4 mai qui devait aborder la question du mariage n’avait finalement pas eu le temps de le faire !

En dehors de prises de position des grandes figures du parti, on avait l’impression d’un net flottement au PS, qui rappelait son peu d’empressement un certain 9 octobre 1998 à voter pour le PaCS. Il apparaissait comme à la traîne derrière le PC et, surtout, les Verts. Eux aussi ont annoncé le dépôt d’une proposition de loi.
Et, d’après Noël Mamère, ce sera fait au lendemain du mariage qu’il célébrera le 5 juin à Bègles, soit avant le texte socialiste.

Pendant que la gauche s’active, la droite fait barrage. Si Jacques Chirac s’est dit ouvert à un "débat national" sur le sujet lors de sa conférence de presse du 29 avril, une fois de plus son camp ne semble pas être sur la même longueur d’ondes. Jean-Pierre Raffarin estime qu’il vaut mieux "un Pacs qui marche plutôt qu’un mariage détourné de sa vocation" ! La droite a toujours refusé toute amélioration du PaCS depuis qu’elle est revenue au pouvoir et le ministre de la Justice, déclarait encore dans "Libération", le 7 janvier dernier, qu’il n’avait connaissance d’aucune "difficulté particulière" concernant le PaCS . Mais aujourd’hui celui-ci se trouve paré de toutes les vertus, et surtout de celle d’évacuer la question du mariage. Il ne faudrait pas que les homos aient les mêmes droits que les hétéros ! C’est dans cette optique que deux députés UMP, Jean-Marc Roubaud et Christine Boutin, ont déposé, fin avril, deux propositions de loi pour que le mariage soit défini comme une union hétéro.

Et pour Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l’Assemblée, opposé au mariage gay, il faut aussi combattre l’adoption pour les homos : "Le meilleur cadre pour le développement harmonieux affectif d’un enfant est qu’il puisse se retrouver dans un phénomène de miroir, dans des parents de sexe différent" ! Gauche contre droite, la bataille politique est lancée. Le combat juridique va suivre, puisque après l’annulation annoncée du mariage de Bègles, le couple de gays ainsi recalé portera l’affaire en justice. Pour plusieurs années !

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