Sans la mobilisation d’associations comme Act Up, l’AGLA, C’est l’bouquet !, le GAT, HES, l’Inter-LGBT, l’Inter Centres-LGBT, les Panthères roses, SOS Homophobie, Les Verts, MixCité, etc., il est à parier que la question de l’homophobie des autorités saoudiennes n’aurait pas été au programme du voyage officiel du prince héritier d’Arabie Saoudite, le 14 avril en France. La diplomatie hexagonale est dans ce cas-là d’un mutisme aussi coupable que navrant. Les associations ont donc choisi de pallier le silence de l’Etat en organisant une manifestation devant le ministère des Affaires étrangères. Les associations ont protesté contre "l’accueil sans réserve fait au représentant d’un pays pratiquant l’homophobie d’Etat." Le cas est d’autant moins défendable que, le 10 mars, la police saoudienne avait interpellé une centaine d’hommes qui se "seraient comportés comme des femmes" lors d’un "mariage gay". Résultat : des condamnations lourdes à tour de bras et des châtiments corporels — jusqu’à 2 000 coups de fouet. Face à cette protestation qui n’est d’ailleurs pas la première du genre, la réaction du gouvernement a été incompréhensible puisque la police a interpellé la quasi totalité des manifestants (une quarantaine de personnes) pour un contrôle d’identité au commissariat. Les manifestants ont finalement été relâchés quelques heures plus tard suite à un "harcèlement du ministère de l’Intérieur" par les associations homos qui ont protesté auprès de Matignon et de l’Elysée. La plupart des associations ont dénoncé la "complaisance" des autorités françaises à l’égard des actes homophobes commis dans certains pays et demandé des explications sur ce coup de force contre une manifestation qui était non violente.

jean-françois laforgerie