Louis-Georges Tin, l’initiateur de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie parle de succès" pour cette première édition dont il dresse le bilan pour Illico.

Des 80 pays qui sanctionnent encore l’homosexualité, le Sénégal n’est pas le pire. Pourtant c’est devant son ambassade que militants LGBT et des droits de l’Homme se sont rassemblés à l’occasion de la première Journée mondiale contre l’homophobie, le 17 mai. "C’est justement parce que ce n’est pas le pire, que ce pays est une démocratie et qu’on peut donc en espérer un changement que nous l’avons choisi, avance Louis-Georges Tin, initiateur de cette Journée. Et puis, il fallait bien commencer par un pays. Cela étant, il n’en demeure pas moins que l’homosexualité y est passible de 2 à 5 ans de prison, et que notre correspondant pour cette Journée a été agressé et menacé. Nous avons été reçus par l’ambassadeur qui a dit que son pays avait la meilleure constitution au monde, qu’il connaissait des homosexuels joyeux et lorsque nous avons parlé de la détresse des homos, cela l’a fait rire avant qu’il ne se reprenne et commence à entendre nos arguments".

Présent lui aussi au rendez-vous à l’ambassade, Jacques Gaillot s’est associé "d’évidence" à cette Journée. "Je suis venu parce qu’il s’agit de la défense des droits. Je suis pour le droit au respect de l’orientation sexuelle de chacun et chacune, explique l’évêque de Partenia. A mes yeux, il ne s’agit pas de tolérance mais d’un droit tout simplement. Cette lutte est nécessaire car on sait qu’aujourd’hui l’homophobie tue".
Si le Sénégal n’a pas précisé quelles suites il entendait donner à cette interpellation, il n’en demeure pas moins que des militants sénégalais se sont mobilisés contre l’homophobie.

"Cette mobilisation a pris la forme de visites forcément discrètes à des homos malades du sida qui, d’habitude sont abandonnés, explique Louis-Georges Tin. Un motif de satisfaction tout comme le fait que quarante pays se soient mobilisés cette année, c’est au-delà de mes objectifs. La Belgique a reconnu officiellement cette journée et l’Europe pourrait le faire dans quelques mois. C’est un succès, mais qui reste entaché par le fait qu’il n’y a pas de quoi se réjouir qu’une telle journée soit nécessaire. C’est une célébration triste."

De son côté, Act Up avait décidé de zapper, une nouvelle fois, l’ambassade d’Arabie Saoudite à Paris afin de "protester contre la politique criminelle et homophobe du prince Abdallah". Citant les exécutions d’homosexuels au sabre, des condamnations récentes de gays à des peines de prison ou des coups de fouet, l’association exige de Jacques Chirac qu’il interdise au prince Abdallah l’accès au territoire national et condamne publiquement ces exactions.

Il est d’ailleurs notable que lors de cette journée symbolique, ni l’Elysée ni Matignon n’aient adressé le moindre message de solidarité à l’égard des victimes d’homophobie. Pas un mot donc. En revanche, Jean-Pierre Raffarin n’a pas oublié de faire un discours le 16 mai à l’occasion de la fête du pain… Les amateurs de baguette apprécieront.

Jean-François Laforgerie

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Mis en ligne le 19/05/2005