Premiers résultats de l’Enquête ANRS Presse Gay 2004 -

Premiers résultats de l’Enquête ANRS Presse Gay 2004

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Premiers résultats de l’Enquête ANRS Presse Gay 2004

Mis en ligne le 30/11/1999

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Les Enquêtes Presse Gay (EPG) permettent de suivre depuis 20 ans l’évolution des modes de vie et des comportements préventifs des homo et bisexuels masculins lecteurs de la presse gay. En 2000, pour la première fois, le relâchement de la prévention était mis en évidence par les résultats de cette enquête. Les résultats pour 2004, confirment ces tendances.

> Le profil des répondants 2004

Le questionnaire de l’Enquête Presse Gay (EPG) a été diffusé dans 16 titres de presse gay entre juillet et octobre 2004 et sur 10 sites identitaires du 20 septembre au 31 octobre dernier.

L’Institut de Veille Sanitaire (InVS) a recueilli 7 560 questionnaires. L’analyse suivante porte uniquement sur les questionnaires remplis par des hommes soit 6 184 réponses validées : 4 749 hommes ayant renvoyés le questionnaire papier et 1 435 hommes ayant rempli complètement le questionnaire on-line.

La moyenne d’age est de 37 ans, quel que soit le support. Les internautes sont en moyenne plus jeunes (34 ans) que les lecteurs de la presse (37 ans). Le niveau d’étude des répondants est élevé : 63% précisent avoir suivi des études supérieures. La plupart des répondants sont salariés (67%) et leur niveau socio-économique est assez favorisé : 41% appartiennent à la catégorie des cadres et professions intellectuelles supérieures. Ils vivent plus fréquemment en milieu urbain: 58% résident dans une agglomération de plus de 100 000 habitants. Les Parisiens représentent 23% des répondants, 12% habitent en banlieue parisienne, 59% en province et 6% à l’étranger.

La très large majorité s’auto définit homosexuelle (89%). Si les répondants sont majoritairement célibataires selon l’état civil (80%), 11% (645) précisent être pacsés.

Le recours au test de dépistage du VIH au cours de la vie est majoritaire (86%). Parmi les répondants ayant eu recours au dépistage, 70% sont séronégatifs, 17% sont séro-interrogatifs (c'est-à-dire ne sont plus certains d’être encore séronégatifs ou ne connaissent pas leur statut sérologique). La prévalence VIH déclarée par les répondants testés est de 13%.

De manière générale, le profil socio-démographique des répondants de l’EPG 2004 provenant de la presse papier est proche de celui décrit dans les précédentes éditions, ainsi que de celui des autres enquêtes réalisées dans cette population. Un vieillissement des répondants est constaté depuis 1997 : l’âge moyen des répondants s’élevait à 32 ans en 1997 et 35 ans en 2000.

> Mode de vie et sexualité

Les deux tiers des répondants indiquent avoir eu une relation stable avec un homme au cours des 12 derniers mois, parmi ceux là les trois-quarts sont toujours en couple au moment de l’enquête. Ces relations stables sont pour 31% exclusives.

Au cours des 12 mois précédant l’enquête, 77% des répondants précisent avoir eu au moins un partenaire occasionnel. La moitié des répondants ont eu au moins 10 partenaires au cours des 12 derniers mois.

Internet devient l'un des lieux principaux de rencontres sexuelles et l’analyse rétrospective des lieux de rencontre des partenaires occasionnels des répondants de l’EPG, permet de constater l’émergence rapide d’Internet comme mode de recrutement au détriment des autres modalités de rencontre.

Les répondants rencontrent leurs partenaires en fréquentant majoritairement les lieux commerciaux avec ou sans possibilité d’avoir des échanges sexuels (78%) ou les messageries et plus spécifiquement Internet (69%). Les lieux publics ou les réseaux de convivialité sont moins usités (respectivement 57% et 32%). Le répertoire sexuel des répondants à l’EPG 2004 est large et varié, sans changement depuis la précédente enquête en 2000. La quasi-totalité des répondants pratique la fellation (98%) avec leurs partenaires occasionnels. La pénétration anale, qu’elle soit active ou passive, est largement pratiquée par les répondants (89%). Les internautes pratiquent plus les rapports anaux (91% versus 88%). Le niveau de pratique de la pénétration anale reste similaire à celui de 2000 (88%).

> Protection des fellations avec les partenaires occasionnels

La protection systématique de la fellation, parmi ceux qui la pratiquent, a toujours concerné une minorité des répondants des EPG. L’édition 2004 ne dément pas cette tendance : seuls 6% indiquent toujours utiliser le préservatif lors de la fellation. La proportion d’internautes est encore plus faible que celle des lecteurs de la presse (5% versus 7%). L’usage systématique du préservatif lors de la fellation ne cesse de diminuer au cours des EPG (13% en 1997, 7% en 2000).

Parmi les répondants qui n’utilisent pas systématiquement le préservatif lors de la fellation avec leurs partenaires occasionnels, 48% sont directement exposés ou exposent leur partenaires au sperme. Cette proportion est plus importante parmi les internautes que chez les lecteurs de la presse écrite (56% versus 45%). Cette exposition au sperme augmente par rapport aux EPG antérieures : en 1997, elle concernait 33% des répondants et 32% en 2000. Ce sont les éjaculations dans la bouche du partenaire occasionnel qui croissent plus particulièrement (15% en 1997 et 2000 versus 19% en 2004 ).

> Prises de risque avec les partenaires occasionnels

L’analyse du nombre de pénétrations anales non protégées au cours des 12 derniers mois avec des partenaires occasionnels permet de suivre l’évolution des comportements les plus à risque de transmission du VIH. En 2004, parmi les hommes pratiquant la pénétration anale avec des partenaires occasionnels, 35,8% indiquent au moins une pénétration anale non protégée au cours des 12 derniers mois.

Ce comportement à risque est déclaré quel que soit l’âge des répondants. Par contre, les répondants on-line rapportent plus souvent cette prise de risque lors de leurs rapports anaux que ceux de la presse (44% contre 33%).

Le statut sérologique du répondant est associé à cette prise de risque. Les hommes séropositifs sont ceux qui déclarent le plus avoir eu au moins une sodomie non protégée : ils sont 56% à l’indiquer soit plus du double que les hommes séronégatifs (28%). Les séro-interrogatifs ont un comportement intermédiaire, 46% d’entre eux ont eu au moins une pénétration anale non protégée. Les hommes non testés l’indiquent dans 33% des cas.

Ces prises de risque augmentent de manière régulière et importante au cours des trois dernières EPG. La part des répondants ayant eu au moins une pénétration anale non protégée dans les 12 derniers mois avec des partenaires occasionnels étaient de 19,5% en 1997, s’élevait à 25,9% en 2000 pour atteindre 33,2% en 2004presse, soit une augmentation de près de 70% entre 1997 et 2004. Cette progression concerne l’ensemble des classes d’âge.

L’ampleur de cette progression du risque varie selon le statut sérologique des répondants. Alors que l’augmentation des prises de risque parmi les hommes séropositifs était déjà importante entre 1997 (26%) et 2000 (41%) elle se poursuit en 2004 (49%). Ces prises de risque sont également en hausse parmi les séro-interrogatifs (25% en 1997, 38% en 2000 et 45% en 2004). La hausse concerne aussi les hommes non testés et séronégatifs. L’accroissement, parmi ces deux groupes, est plus marqué entre 2000 et 2004 qu’il ne l’était entre 1997 et 2000 : pour les séronégatifs, les taux passent de 15% en 1997 à 18% en 2000 puis à 27% en 2004 et pour les non testés de 20% en 1997, 23% en 2000 à 30% en 2004.

La fréquence des prises de risque est mesurée par le nombre de pénétrations anales non protégées. La fréquence des pénétrations non protégées exceptionnelles (une ou deux) au cours des 12 derniers mois avec des partenaires occasionnels est de 38%, les pénétrations anales non protégées occasionnelles (de 3 à 11) s’élèvent également à 38% et celles qui sont régulières (au moins une fois par mois) sont de 24%.

La part des internautes déclarant des rapports anaux non protégés de manière régulière (un par mois et plus) est plus importante que celle des lecteurs de la presse écrite (31% contre 21%).
L’analyse au cours du temps de la fréquence des pénétrations anales non protégées avec des partenaires occasionnels au cours des 12 derniers mois indique une progression des prises de risque régulières.

En effet, la proportion de pénétrations anales non protégées exceptionnelles diminue, passant de 63% en 1997 à 52% en 2000 et 44% en 2004, alors que celle des rapports anaux non protégés " réguliers " augmente de plus du double : 10% en 1997, 15% en 2000 et 21% en 2004.

En 2004, six hommes sur dix ayant pratiqué au moins une pénétration anale non protégée au cours des 12 derniers mois l’ont principalement fait avec des partenaires occasionnels dont ils ne connaissaient pas le statut sérologique (60%).

> Prévalence déclarée des Infections sexuellement transmissibles (IST).

La prévalence déclarée d’une IST au cours des 12 derniers mois parmi les répondants de l’EPG 2004 s’élève à 10%. Les internautes sont plus nombreux à en déclarer (13% versus 9%). Parmi les hommes ayant eu une IST au cours des 12 derniers mois, 35% déclarent une gonococcie et 25% une syphilis.

L’évolution de la prévalence IST déclarée au cours des 12 derniers mois indique une baisse : 13% en 1997, 16% en 2000 et 9% en 2004. Cette diminution est due à une diminution des déclarations d’herpès génital (1997 : 58%, 2000 : 56% et 2004 :25%). En revanche, les déclarations de gonococcies sont en hausse (1997 : 17%, 2000 : 25% et 2004 :35%) ainsi que celles de syphilis (1997 : 1%, 2000 : 5% et 2004 : 20%).

> Conclusion

L’édition 2004 de l’Enquête Presse Gay a recueilli 7 560 questionnaires dont 65% proviennent de la presse écrite identitaire et 35% des sites Internet gay où pour la première fois le questionnaire était mis en ligne.

L’analyse des 6 184 questionnaires rempli par des hommes est riche d’enseignement et se poursuivra tout au long des prochains mois.

L’échantillon des répondants de la presse écrite dépeint un profil similaire à ceux des 2 dernières enquêtes, Bien qu’un vieillissement des répondants via la presse écrite est constaté.
La prévalence VIH déclarée parmi les hommes ayant eu recours à un test de dépistage VIH est de 13%, cette proportion reste similaire à celle des 2 enquêtes précédentes.

Il est constaté une progression continue et importante des prises de risque lors des pénétrations anales avec des partenaires occasionnels au cours des 12 derniers mois, quel que soit l’âge et tout particulièrement parmi les hommes séropositifs. Ces prises de risque avec des partenaires occasionnels surviennent plus régulièrement en 2004 que lors des deux dernières EPG.

Les résultats de l’enquête Baromètre Gay, réalisée auprès des homosexuels masculins fréquentant les lieux de rencontre gay, avait mis en évidence la persistance du relâchement de la prévention au sein de cette population particulièrement active sexuellement.

L’augmentation des prises de risque est également observée dans d'autres pays d'Europe de l’Ouest.

Les résultats de l’enquête 2004, comme le suggéraient déjà ceux de 2000, incitent, l’ensemble des acteurs, au redéploiement des campagnes de prévention en direction des gays .

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