Christophe Honoré, l'obstiné -

Christophe Honoré, l'obstiné

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Christophe Honoré, l'obstiné

Mis en ligne le 30/11/1999

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Son comportement lui vaut quelques malentendus. "Je suis un peu obstiné, c’est mon côté breton, sale gosse." Peu enclin à la pose, il ne se laissera pas photographier pendant la rencontre. La barbe de trois jours et ses airs de prince charmant des temps modernes n’y changeront rien. Ne pas céder : plus qu’une attitude, c’est un principe chez lui. "Je suis très orgueilleux". Une force d’esprit qui lui a aussi permis d’arriver là où il en est aujourd’hui. Après des études de lettres peu assidues à la faculté de Rennes, il décide de se lancer dans le cinéma. Le désir de passer derrière la caméra ne le quitte plus. Quitte à s’imposer quelques expériences pénibles en tant que stagiaire sur des plateaux. Pour arriver à ses fins, l’écriture sera son salut. Il s’improvise scénariste, écrit le script de "Tout contre Léo", qui deviendra un livre pour enfants. Le premier d’une série inspirée en partie par son expérience de directeur en centre de vacances.

Alors que paraît "L’infamille", "roman impossible sur la mort de mon père", il se fait remarquer comme critique aux "Cahiers du Cinéma". Des billets d’humeur souvent polémiques où il se met en scène, lui, son homosexualité, et les gens qui l’entourent. "Le principe était de faire du journal intime tiré à beaucoup d’exemplaires." L’expérience, en marge de l’esprit du journal, rejoint son désir de cinéma. Il la réitère en écrivant, selon le même principe, pour "Têtu" et "Max", "un magazine de filles à gros seins écrit par une bande de pédés". L’homosexualité sera souvent au centre de ses chroniques, mais sans volonté de revendication : "Je ne me suis jamais empêché d’être libre par rapport à ça." Dans ses romans suivants, de "La douceur" à "Scarborough", sa sexualité apparaît, mais pas en tant que sujet. "Je n’écris pas pour les homos, ce n’est pas une démarche. Je ne sais pas, par exemple, s’ils se retrouvent dans le couple de frères de "Scarborough"…".

L’été dernier, le public a pu découvrir au cinéma "17 fois Cécile Cassard", avec Béatrice Dalle, œuvre sombre et maniériste, prolongement de son travail d’écriture. Son vrai premier (télé)film, "Tout contre Léo", tiré de son roman, aurait dû être diffusé sur M6 au printemps dernier, et qui a finalement été présenté au Festival Gay et Lesbien. La chaîne, après lui avoir commandé, a décidé de le censurer à cause d’une scène déshabillée entre deux garçons. "Il y a une crispation de M6 sur l’homosexualité depuis le "Loft". C’est clairement discriminatoire. Sous prétexte de protection de la jeunesse, on évacue toute une partie de la fiction." Pour l’heure, il envisage d’adapter "Ma mère" de Georges Bataille, qu’il prévoit "encore plus radical". Fidèle à l’image butée, à fleur de peau, du personnage. "Je ne me protège pas beaucoup. Etant très vulnérable, je ne laisse rien passer…" Surtout, qu’il ne s’avise pas de changer.

julien grunberg

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