De "Loft story" en "Star academy", la télé réalité ne cesse de révéler des candidat(e)s homos. Dernière en date, Anne-Laure, 19 ans à peine, éliminée de l’émission de TF1 le 16 novembre mais dont le passage ne sera pas passé inaperçu des lesbiennes (et des gays !). Interview sans tabou et analyse d’un phénomène.

Par Caroline Fourest

Arrivées en force dans la France de l'après-PaCS, les émissions de télé réalité font recette auprès des gays et des lesbiennes. Logique quand on sait que les reality show jouent sur le principe de l'identification et que les homos comptent parmi les publics minoritaires le plus en manque de personnages auxquels s'identifier.. Après les films, les sitcoms, les émissions de télé réalité sont devenues le lieu par excellence où l'on est sûr de trouver un candidat ou une candidate susceptible de briser l'ambiance "hétéro-blanc" de mise dans le paysage audiovisuel français.

Personne n'a oublié Steevy, la fashion victim du Loft 1. On pourrait parler aussi de Thomas, dont le coming out rafraîchissant n'est sûrement pas pour rien dans le fait qu'il a gagné le Loft 2, prouvant par là qu'il n'y avait pas qu'un couple hétérosexuel pour gagner la maison. On pourrait aussi citer, tous les candidats des émissions américaines comme Real World ou Road Rules, où pas une seule saison ne se prive d'un gay ou d'une lesbienne qui devient la vedette sitôt qu'il ou elle fait son coming out.

En France, où le renversement de l'invisibilisation des lesbiennes reste un défi majeur, il manquait une fille pour remplir ce vide. C'est alors que Star Académy 2 nous offrit Anne-Laure, qui a volontiers accepté de répondre aux questions d'Illico (avant même sa sortie) et nous a régalés de clins d'oeils identitaires durant les 12 semaines où la production a eu la bonne idée de l'enfermer dans un château filmé…

Ce qui ne veut pas dire que tout est rose au pays de la télé réalité. Ne serait-ce que parce que la réalité de cette télé-là est avant tout commerciale. Dans ce domaine, la cible privilégiée reste la ménagère hétéro de moins de 50 ans. Non seulement le spectateur homo doit encore souvent apprendre à lire entre les lignes mais les candidats eux-mêmes affrontent tant bien que mal le piège du formatage dès lors qu'ils participent à des émissions destinées à les lancer comme de futurs produits.

Autant Endémol (la boîte de production à l'origine de la plupart des reality-show) n'a aucun complexe à mettre en valeurs des candidats gays ou lesbiennes susceptibles de "pimenter" ces programmes, autant Universal (chargé de produire les disques des Star académiciens) semble encore hésiter à intégrer des chanteurs et des chanteuses résistants à l'hétérocentrisme dans son universel. Un combat pour l'universalité qu'il faudra encore mener.

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