l’homosexualité bouc émissaire au Cameroun - Homophobie

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L’homosexualité bouc émissaire au Cameroun

En quelques mois, le Cameroun a révélé un visage homophobe inquiétant. La libération, après plusieurs mois de détention arbitraire, de neuf gays présumés est une bonne nouvelle qui dissimule à peine le statut de bouc émissaire de l’homosexualité dans ce pays où les homosexuels tentent de s’organiser.

E-llico.com / Actus

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Mis en ligne le 19/06/2006

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De présumés homosexuels qu’on pourchasse au mépris des règles de droit, des listes de dénonciation de gays publiées dans les quotidiens, des lycéennes lesbiennes qu’on place en détention : le Cameroun a donné, ces derniers mois, un visage effrayant de ce que l’homophobie peut être et provoquer comme dégâts.

Certes la libération de neuf homosexuels présumés le 12 juin est une bonne nouvelle mais elle dissimule mal l’attitude d’une justice sans éthique qui poursuit sans preuve et fait de l’homosexualité un bouc émissaire bien pratique.
"Les arrestations dont ont été victimes mes clients ont tout de l’arbitraire et constituent de véritables voies de fait, elles-mêmes constitutives de violations graves des libertés, explique maître Alice Nkom, leur avocate. Elles ont engendré plus de publicité, plus de tapage et plus de manipulation sur la question homosexuelle cette année que les années précédentes. Les médias ont mélangé homosexualité, chômage, pauvreté, sectes, franc-maçonnerie et hommes de pouvoir pour que le sujet prenne cette ampleur. Il a été facile pour le public de se sentir concerné par l’homosexualité ainsi rendue responsable de tout ce dont il souffre actuellement."

"La population camerounaise n’est pas plus homophobe qu’ailleurs, explique Steave, co-fondateur de la récente ONG Alternatives-Cameroun qui entend défendre et aider les homosexuels, mais les événements récents comme l’assassinat d’un jeune collégien gay, la publication de listes d’homosexuels présumés, l’affaire des neuf, l’exclusion de collégiennes lesbiennes ont créé un sentiment homophobe fort, et ce d’autant que le code pénal pénalise toujours les relations homosexuelles, y compris entre adultes consentants." Tolérants envers les travestis, nombreux, les Camerounais ne visent pas spécifiquement les gays. Ce n’est pas le cas de l’Eglise ou de la police qui arrête les homos, leur fait du chantage et cherche à leur extorquer de l’argent.

"Les gays doivent hélas rester discrets s’ils veulent pouvoir vivre sans crainte du rejet, rappelle Steave. Dans la famille, dans le quartier, c’est la discrétion qui prime. Les lieux gay sont peu nombreux et il est difficile de trouver à qui parler. C’est la raison qui nous a poussés à créer Alternatives-Cameroun pour aider les homosexuels qui connaissent des difficultés notamment juridiques et soutenir et rassurer ceux qui ne savent pas comment faire pour s’assumer."

Jean-François Laforgerie

Un appel aux dons pour soutenir les "neuf" a été lancé par le Comité Idaho. Les chèques à l’ordre du Comité Idaho sont à adresser à Louis-Georges Tin, président du Comité Idaho, 26, rue de Lappe. 75001 Paris.


>> En appel

Les neuf homosexuels présumés, détenus depuis plusieurs mois à Yaoundé, ont finalement été libérés le 12 juin. Deux d’entre eux ont été relaxés et les sept autres ont été condamnés à dix mois de prison ferme, une peine couverte par la détention provisoire. Ce verdict surprend alors que ces neuf homme, dont un a été tabassé en prison, avaient été relaxés une première fois faute de preuves et de témoins. Le parquet avait alors fait appel pour le rejuger. Cette fois, c’est leur avocate maître Alice Nkom, qui entend faire appel de cette condamnation.

>> Collégiennes exclues, l’autre affaire

Alors même que les "neuf" étaient toujours en prison sans soin particulier (l’un d’eux est atteint du sida), des collégiennes ont, elles aussi, été victimes d’homophobie. Steave, responsable de l’ONG Alternatives-Cameroun,raconte.
"Tout est parti d’une dispute amoureuse entre deux filles dans un collège, le cCollège privé Eyengue Nkongo de Douala. Le principal est intervenu et a traduit les deux filles en conseil de discipline. C’est là qu’il a compris la nature de leur dispute et de leur relation. Elles ont été sommées de donner la liste des autres élèves qui, comme elles, étaient lesbiennes. Elles ont été exclues et certaines, dont les noms figuraient sur la liste, aussi. Au total, treize collégiennes ont été renvoyées. Une a même été rejetée par sa famille. Elle a finalement été hébergée par sa grand-mère qui n’a rien trouvé de mieux à faire que de porter plainte pour "détournement de mineur" contre la petite amie de sa petite fille. Cette plainte a conduit à l’arrestation de trois jeunes filles qui sont toujours en prison. Leur avocat attend beaucoup de l’entrée en vigueur du nouveau code pénal, normalement début août, qui renforce la présomption d’innocence et devrait permettre d’éviter la longue incarcération dont ont été victimes les "neuf"".

Mis en ligne le 14/06/06

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