un essai contre le mariage homo - «Oui chez le notaire, non chez le maire»

«Oui chez le notaire, non chez le maire»

Un essai contre le mariage homo

On connaissait déjà l’opposition frontalement homophobe aux revendications LGBT, on découvre son versant" soft" avec l'essai du sénateur UMP Jacques Baudot. Une autre manière de mener la fronde contre l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe.

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un essai contre le mariage homo
«Oui chez le notaire, non chez le maire»

Mis en ligne le 22/12/2006

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Bien sûr, la publication de cette "plaquette", comme la nomme lui-même le préfacier, pourrait sembler anecdotique tant son auteur, le sénateur UMP Jacques Baudot, est loin d’être une star du Palais du Luxembourg. Il n’en est rien. Malgré une diffusion confidentielle, cette dernière est, à bien des égards, symptomatique d’un mouvement qui entend compter lors des prochaines élections : celui d’une fronde contre l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe. C’est ainsi qu’il faut comprendre la publication de cet essai qui, outre un recensement détaillé des textes en vigueur et des statuts qui permettent la reconnaissance de couples hétérosexuels comme homosexuels en France, avance des arguments pour mieux contester la montée en puissance des revendications d’égalité devant la loi des personnes LGBT et surtout empêcher un changement radical de la société.

Il n’est d’ailleurs pas anodin qu’une des premières citations de l’ouvrage soit celle du sociologue Eric Fassin : "Je crois que l’ouverture du mariage aux couples du même sexe, ce n’est pas la fin du monde, c’est seulement la fin d’un monde." Une fin, dont Jacques Baudot, catholique, signataire de l’Entente parlementaire, ne veut pas. De fait, il s’inscrit en défenseur d’une tradition, de valeurs, dont il craint que les débats présidentiels de 2007 n’entament irrémédiablement la pérennité. Evidemment, c’est au nom de la protection de l’enfance que se bâtît l’argumentaire du parlementaire qui a pris soin de faire rédiger la préface de son essai par un ancien orphelin, lui-même adopté. Pour Jacques Baudot, en effet, l’ouverture du mariage comme la création d’une union civile (le projet actuel de l’UMP) qui aurait les attributs du mariage sans le nom, ne constitueraient que la première étape vers la reconnaissance inéluctable de l’adoption par les homos. Un cauchemar.

Pas franchement neuf dans sa démonstration, parfois caricatural, l’essai de Jacques Baudot reste néanmoins marqué par une relative mesure dans le propos et une certaine candeur. C’est ce qu’on peut éprouver en lisant certains passages comme celui-ci : "Les ménages homosexuels organisent leur vie sans tapage et le plus souvent sans se cacher. Ils s’arrangent avec les lois existantes en s’aidant du PaCS ou des contrats passés chez le notaire et vivent leur différence paisiblement et peut-on dire "démocratiquement" ". Une façon de démontrer que tout va bien avec le PaCS (qu’il a d’ailleurs voté) et que cela suffit grandement au bonheur des couples homos. Bref, on connaissait déjà l’opposition homophobe aux revendications LGBT, on découvre maintenant son versant soft.

Jean-françois Laforgerie

Jacques Baudot, "Oui chez le notaire, non chez le maire", éditions Gérard Louis. 15 euros. Infos : pli.louis@free.fr

Mis en ligne le 18/12/06

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