Les gays battent la campagne -

Les gays battent la campagne

Le débat sur les questions LGBT, très animé en juin dernier, est-il définitivement clos pour la campagne présidentielle de 2007 ? C’est le sentiment qu’on peut avoir ces dernières semaines. Comment les associations LGBT comptent-elles replacer leurs revendications dans la campagne présidentielle ? Et n’est-ce pas trop tard ?

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Les gays battent la campagne

Mis en ligne le 25/01/2007

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Par Jean-François Laforgerie



Pas facile. Pas facile du tout de replacer les revendications LGBT au cœur de la campagne présidentielle. Il est, en effet, loin le temps où les futurs candidats (Royal, Sarkozy, Bayrou…) et nombre de ministres ne se faisaient pas prier pour présenter leurs options en matière d’ouverture de mariage et d’adoption aux couples de même sexe. Aujourd’hui, le mariage homo et l’homoparentalité ne font plus réagir la classe politique — pas plus que d’autres revendications LGBT d’ailleurs — comme si tout avait déjà été dit, débattu, décidé. Il faudrait donc se contenter de croire les promesses des uns, entériner les refus des autres et composer avec les demies mesures des derniers. Pas très vibrant.

"Je regrette que l’idée que j’avais émise d’avancer les dates des marches de 2007 à mars et avril n’ait pas été reprise. C’était un pari risqué — en terme de mobilisation notamment — que de calquer notre agenda militant sur l’agenda politique, mais je persiste à croire que l’enjeu en valait la peine. Cela aurait assuré une visibilité maximale à nos revendications, explique Hussein Bourgi du Collectif contre l’Homophobie de Montpellier. Chaque association va envoyer son courrier, dans son petit coin, à chacun des candidats, alors qu’il me semble plus pertinent de mettre en place une plate-forme de revendications communes cosignée par des centaines d’associations et de personnalités LGBT. Hélas, je constate, avec regret, que le mouvement LGBT français manque d’audace et d’ambition. Comme il doute de lui, il évite le rapport de force avec les politiques. Dans ces conditions, le risque est que les candidats se contentent du service minimum et n’accordent pas plus de place aux revendications LGBT dans le débat présidentiel."

"Il est vrai qu’en 2006, nous avons tout fait pour obtenir que des engagements soient pris très tôt, avant même la campagne. Les positions étant aujourd’hui connues, qu’elles nous soient favorables ou défavorables, elles ne sont plus débattues au sein des partis : chacun a fait ses choix. C’est maintenant aux électeurs de faire le travail, indique Alain Piriou de l’Inter-LGBT. Notre rôle sera d’adresser des questionnaires, de rencontrer les candidat(e)s, de rendre public certains doutes ou éclaircissements, afin que tous ces engagements des candidats soient connus dans le détail."

"Une des particularités de cette élection est que les candidats sont entrés très tôt en campagne. Nous reposerons nos questions à ceux qui ont fourni des réponses insatisfaisantes et nous dialoguerons avec ceux qui nous ont répondu favorablement car nous savons qu’il faut rester mobilisés pour accompagner et développer les politiques qui découlent de nos revendications", explique, pour sa part, Christine le Doaré, présidente du Centre LGBT Paris Ile-de-France, qui organise deux débats en mars.

Cette vigilance, d’autres groupes comptent bien aussi l’exercer. C’est le cas de SOS Homophobie qui travaille à l’organisation, avec d’autres, d’un colloque sur la prévention des discriminations homophobes à l’école. C’est le cas de la commission LGBT des Verts dont un des responsables, Pierre Serne a le sentiment "que nous ne sommes pas à l’abri d’un scénario à l’américaine : la droite conservatrice utilisant les questions LGBT comme épouvantail pour faire perdre la gauche. Il faudra être très vigilants."

C’est aussi le cas d’HES. "Tous les événements qui auront lieu d’ici les prochaines élections devront être mis à profit pour orienter les projecteurs sur les questions LGBT : débats organisés par l’APGL et le CGL en février et mars, Journée de la Femme en mars, Journée contre l’homophobie en mai, les différentes marches des fiertés en mai et juin, explique Alexandre Carelle, président d’Homosexualités Et Socialisme. HES veut organiser un rassemblement pour la candidate [Ségolène Royal] en mars-avril et des réunions en régions, notamment à Grenoble le 27 janvier, à Rennes en février et à Nice en mars. Une chose est sûre : nous ne laisserons pas refroidir le fer car nous sommes conscients que nos concitoyen-ne-s veulent avancer maintenant."
Aujourd’hui, les associations, même en ordre dispersé, estiment ne pas avoir rater le coche de l’élection. Elles entendent bien, dans les quelques semaines, qui restent avant le premier tour (22 avril) faire parler d’elles… et de nous.

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