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Gauche et droite s'opposent sur la question de l'homoparentalité

L’évidence s’imposait à l’issue du débat scientifique et politique organisé par l’APGL, le 3 février à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales, les homoparentalités sont désormais au cœur du débat politique. Gauche et droite s'opposent sur la question.

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Mis en ligne le 05/02/2007

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Amphithéâtre bondé, salles de projections combles, le débat scientifique et politique organisé par l’APGL en partenariat avec France Culture le 3 février sur les homoparentalités a donné le coup d’envoi de la campagne 2007 sur les revendications LGBT.

L’idée de l’APGL était de confronter les connaissances des uns (jeunes scientifiques ayant travaillé sur les homoparentalités, scientifiques français confirmés spécialistes en sciences sociales) aux options et projets des autres (des politiques représentant des candidats et candidates à l’élection présidentielle). Un enjeu dont l’UDF, le PS, l’UMP, les Verts et le PCF ont bien compris l’importance puisque chacun avait envoyé un représentant. Dominique Voynet (Verts), Ségolène Royal (PS) et Nicolas Sarkozy (UMP) ont même adressé des messages aux participants. Marie-George Buffet, la candidate du PCF, est, elle, venue en personne pour une courte intervention.

Des différences abyssales entre gauche et droite

Pour l’APGL, il s’agissait d’informer, de montrer que, contrairement à une idée opposée aux familles homoparentales, on ne manque pas (y compris en Europe) d’études sur l’homoparentalité ou la vie des enfants évoluant dans des cadres homoparentaux, mais surtout de comprendre où se situent aujourd’hui les blocages politiques et chez qui ? Car l’enjeu est d’importance : faire avancer des revendications anciennes à l’occasion d’une échéance majeure : l’élection présidentielle de cette année.

De ce point de vue, il est apparu très vite des différences abyssales entre les formations de droite et celles de gauche. Pour Marie-George Buffet, le politique doit "permettre à chacun de pouvoir construire sa vie comme il l’entend." Conséquence, le PCF est favorable au mariage, à l’adoption, à l’insémination artificielle avec donneur (IAD) pour les lesbiennes, aux droits du deuxième parent mais ne se prononce pas pour la gestation pour autrui. Représentant de Dominique Voynet, le député Verts Noël Mamère a rappelé que son parti "est plus en avance [sur ces questions] que la plupart des partis politiques". Il a surtout défendu le principe qu’il fallait "séparer la question de la filiation de celle de la reproduction". Les Verts sont favorables, et depuis longtemps, à l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe, aux droits du deuxième parent , à l’IAD mais ne se prononce pas non plus pour la gestation pour autrui.

Co-parent du PaCS, le député PS Patrick Bloche a rappelé que son parti avait déposé l’année dernière une proposition de loi en juin 2006 sur l’homoparentalité. Selon le représentant de Ségolène Royal, il ne faut plus "opposer l’intérêt de l’enfant au désir d’enfant." Il défend donc l’ouverture du droit à l’adoption pou les couples homos, l’élargissement de la délégation d’autorité parentale. Le PS propose une égalité des droits et un "cadre d’indifférenciation juridique" en matière de droits des enfants entre couples homos ou couples hétéros à quelques réserves près. C’est ainsi que le PS refuse, pour le moment, l’IAD et dit non à la gestion pour autrui.

La droite hostile aux homoparentalités

La tache est évidemment plus difficile pour les formations de droite très réservées voire hostiles aux homoparentalités. Député UDF, Jean-Christophe Lagarde, représentant de François Bayrou, a rappelé que son parti avait "une position très difficile sur le sujet et que Français Bayrou, lui-même, avait une position figée sur ces questions." Pour autant, l’UDF a, d’après lui, évolué et défend désormais l’idée que "la loi doit apporter un cadre protecteur à tous sans porter de jugement sur la sexualité." Et ce d’autant, admet le député, que la "société est prête à évoluer maintenant." Pour autant, l’UDF ne va pas au bout de sa logique puisqu’elle refuse l’ouverture du mariage aux couples de même sexe en privilégiant une union civile célébrée en mairie, qu’elle rejette l’adoption pour les couples de même sexe, l’IAD et la gestation pour autrui. En matière d’homoparentalité, l’UDF propose juste, en matière de droits du deuxième parent, que "l’adoption simple" soit possible pour ce deuxième parent. Ce qui est très insuffisant au regard des besoins et des demandes des homoparents.

Du côté de l’UMP, les blocages sont du même type. Le député Laurent Wauquiez, représentant de Nicolas Sarkozy, a donc choisi de défendre l’idée d’une stratégie pragmatique, histoire de tenter de mieux faire passer l’idée que l’UMP n’est favorable à aucune demande de l’APGL pas même aux droits du deuxième parent. La stratégie pragmatique, c’est la mise en place de l’union civile avec signature en mairie aux droits identiques au mariage à l’exception de tout ce qui concerne l’enfant et aussi la statut du beau parent avec la convention de partage de l’autorité parentale. "Notre volonté est de nous centrer sur les problèmes concrets et d’avancer sur la résolution des problèmes de vie quotidienne" avance le député qui ne considère pas du tout que l’opinion publique soit prête sur les questions d’homoparentalités.
Selon l’UMP, un statut du beau parent permettant au parent non biologique de l’enfant de pouvoir aller le chercher à l’école, de pouvoir l’inscrire à la crèche, pour prendre une décision médicale le concernant, etc. permettrait déjà de résoudre bien des problèmes.
Sans doute, mais comme en a témoigné la salle par des sifflets, on est très loin du compte.

Jean-François Laforgerie

>> Des études nombreuses

"En France, il est souvent opposé aux familles homoparentales le manque d'études les concernant", explique Franck Tanguy, porte-parole de l'APGL. L'APGL a profité de son colloque pour contredire cet argument et publier une somme d'un millier d'études, articles et références bibliographiques, essentiellement rédigées en Europe et Amérique du Nord. Ces études "concluent quasi unanimement que les enfants élevés dans ces familles ne présentent ni plus ni moins de troubles que dans des familles hétérosexuelles", affirme Franck Tanguy.

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