la fracture parentale - Droite / gauche

Droite / gauche

La fracture parentale

Passionnant, le débat scientifique et politique de l’APGL, le 3 février dernier, sur les homoparentalités a montré que l’association avait durablement inscrit ce sujet dans le débat politique. Il a surtout montré, à l’occasion des échéances de 2007, que gauche et droite restent profondément divisées sur cette question. Entre la révolution sociétale soutenue par les uns et le pragmatisme pusillanime défendu par les autres, il faudra choisir. Passage en revue des positions des grands partis.

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la fracture parentale
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Mis en ligne le 22/02/2007

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Par J.-F. Laforgerie



"La droite et la gauche, c’est pareil", entend-on parfois. C’est peut-être vrai dans certains domaines mais concernant les revendications LGBT, la confusion n’est guère possible. Il suffisait pour s’en rendre compte de voir comment les représentants des cinq candidats à la présidentielle invités (1) à débattre par l’APGL, le 3 février, dessinaient sur la question de l’homoparentalité et de la reconnaissance légale du couple de même sexe deux camps bien opposés.

Pas de suspens, la gauche est favorable aux nouvelles évolutions de la famille qu’elle entend soutenir et accompagner. La droite, à quelques modestes nuances près, les subit et s’y oppose. Bref, le clivage classique que les arguments des chercheurs en sciences humaines invités par l’APGL n’ont pas réduit. Pourtant, ceux-ci sonnent comme des évidences. Maître de conférence en psychologie, Oliver Vecho affirme ainsi, travail scientifique à l’appui, que "plusieurs études européennes montrent que les enfants élevés dans des familles homoparentales ont un développement psychosexuel normal" et que l’exigence des homoparents est "supérieure à la norme". Pour le médecin et psychanalyste Serge Hefez, il y a d’ailleurs "quelque chose de douloureux à démontrer que les enfants d’homos sont comme les autres".

Anthropologue, Maurice Godelier rappelle que, contrairement à une idée reçue, la famille (père, mère, enfants) n’est pas le fondement de la société. "C’est l’Occident qui innove aujourd’hui avec l’homoparentalité" avance celui-ci. Une évolution que le professeur Israël Nisand, gynécologue, affirme être le résultat de "la séparation, il y a 50 ans, entre sexualité et procréation." Car, c’est au nom du refus de cette séparation que les partis de droite restent aujourd’hui opposés à toutes les revendications homoparentales. Pourtant comme l’indique une jeune chercheuse Martha Mailfert : "le problème des enfants [dans des familles homoparentales] n’est pas tant dans la structure de [ces] familles que dans le regard que les autres, et la société dans son ensemble, portent sur elles". Comme le disent d’ailleurs d’autres chercheurs, c’est la stigmatisation des nouveaux modèles familiaux (avec le refus de les reconnaître) et la discrimination (certains enfants sont privés de droits) qui pose aujourd’hui problème. D’où cet appel d’Israël Nisand, évoquant sa connaissance personnelle de la discrimination avec la déportation de membres de sa famille : "On sait que la discrimination peut amener jusqu’à la mort. Il faut que des non-homosexuels [il en est] défendent le droit des homosexuels à vivre normalement dans notre pays". Mais, là, gauche et droite ne voient pas les choses pareilles.

(1) Le député PS Patrick Bloche pour Ségolène Royal, l’élu communiste Gilles Garnier pour Marie-George Buffet, le député UDF Jean-Christophe Lagarde pour François Bayrou, Le député Verts Noël Mamère pour Dominique Voynet, et le député UMP Laurent Wauquiez pour Nicolas Sarkozy.

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