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Scènes d'homophobie aux quatre coins du pays

En l'espace de quelques jours, des scènes d'homophobie se sont déroulées de façon répétée en Russie, de Moscou à St. Pétersbourg et de Kaliningrad à Yaroslav. L'Eglise orthodoxe, l'extrême droite nationaliste et une grande partie de la classe politique entretiennent le sentiment homophobe dans la Russie de Poutine et Medvedev.

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Mis en ligne le 14/05/2008

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"L'Avant-garde russe", un groupe monarchiste ultra-religieux a perturbé, il y a quelques jours, le concert de Boris Moiseyev à Kaliningrad, parce que cet artiste est ouvertement gay. Cette organisation nationaliste entendait ainsi manifester publiquement sa revendication de voir rétablie la criminalisation de l'homosexualité en Russie.
S'il n'y a pas eu d'incident majeur, cette scène est révélatrice de la tension très forte qui règne aujourd'hui encore en Russie vis à vis de la question gay.

A l'heure ou Medvedev prend la place de Poutine au Kremlin, l'ex-Union soviétique n'en a pas encore fini avec ses démons homophobes. "L'Avant-garde russe", et à sa suite un certain nombre de groupes politiques et religieux voudraient en revenir à l'Article 121 du Code pénal russe, aboli depuis 1999, et qui punissait l'homosexualité.

L'homosexualité n'est plus une maladie mentale ni un crime, mais la puissante Eglise orthodoxe n'en finit pas de combattre par tous les moyens les droits des homosexuels à travers le pays assimilant l'homosexualité à une perversion et à la pédophilie pour attiser les sentiments anti-homo dans l'opinion. Elle a de nombreux relais dans la société civile, à commencer par le Parti communiste dirigé par Gennady Zyuganov qui considère lui aussi que l'homosexualité est contraire aux "traditions nationales russes".
Minoritaire, le PC n'est pas seul à défendre une ligne homophobe. Le maire de la capitale vient d'interdire pour la troisième fois la tenue de la Gay Pride de Moscou, le 31 mai prochain. La marche - "satanique" selon ses termes - risque, encore en fois d'être le théâtre de débordements extrémistes et policiers.

Des violences, il s'en est produit à Saint-Petersbourg, le week-end dernier lors d'une modeste manifestation LGBT dans le cadre de la Journée du silence qui voulait dénoncer de manière pacifique la discrimination, le harcèlement et la haine que subissent les homosexuels. Trois militants homos ont été attaqués alors qu'ils quittaient le parc où s'était tenue la démonstration. Des incidents semblables se sont déroulés dans les villes de Novokuznetsk et Yaroslavl à la même occasion. Des skinheads ont menacé et injurié les manifestants.

Amnesty International se dit préoccupé par l'attitude du gouvernement à l'égard des droits des homosexuels. "Nous ne comptons plus les agressions homophobes en Russie dont certaines sont fatales", indique un porte-parole. "Les autorités sont totalement défaillantes pour juguler les discriminations liées à l'orientation sexuelle", estime l'organisation de défense des droits humains.

Les activistes homosexuels, tels les organisateurs de la Gay Pride interdite de Moscou, en sont réduits à faire appel aux instances internationales pour tenter de faire reconnaître les droits. Une plainte contre la Russie a été déposé devant la Cour européenne des droits de l'Homme, le 14 janvier dernier. Dans leur requête, les organisateurs invoquent le non-respect du droit au rassemblement, du droit à la protection et l'interdiction des discriminations par la Convention européenne des droits de l'Homme, ratifiée par la Russie.

> Le maire de Berlin appelle Moscou à autoriser la Gay Pride

Invité personnellement à la Gay Pride de Moscou - comme Bertrand Delanoë - le maire de Berlin lance un appel aux autorités moscovites pour qu'elles autorisent la tenue de la Gay Pride. "J'appelle les responsables de la capitale russe à accepter enfin les standards démocratiques consacrés et à autoriser la manifestation. J'espère fortement que l'emploi de la violence sera évité", confie Klaus Wowereit à Têtu. "Les résistances sont plus fortes que jamais, regrette-t-il. Une grande partie de la population fait toujours preuve d'une intolérance inouïe".

Mis en ligne le 07/05/2008

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