la prévention prise en défaut - Réactions

Réactions

La prévention prise en défaut

E-llico.com / Dossiers

la prévention prise en défaut
Réactions

Mis en ligne le 15/07/2005

Tags

Tout l’indique : la dégradation de la prévention chez les gays est forte puisqu’on constate une progression importante des prises de risques et ce quel que soit l’âge tout particulièrement parmi les hommes séropositifs. Ces chiffres inquiètent et posent la question de l’adaptation de la prévention aux enjeux réels du VIH chez les gays. Réactions d’acteurs de la lutte contre le sida et des pouvoirs publics.

> Act-up, Emmanuel Château :

"Ces résultats ne font que confirmer ce que nous savions déjà : une banalisation et une complaisance des pratiques à risques au sein de la communauté gay dans un contexte de démission collective. Il est extrêmement dangereux de laisser les gens vivre selon leur désir vis-à-vis des pratiques à risques. Certains messages n’ont pas été donnés aux séropos concernant les risques de co-infections hépatiques et de sur-contamination. Nous manquons d’acteurs de prévention, de conseillers auprès des séropos sur leur sexualité, aussi car les moyens alloués à la lutte contre le sida sont en baisse.

> Aides, Christian Saout :

"Ces résultats sont alarmants car tous les indicateurs sont réunis pour un nouveau départ de l’épidémie. On peut les expliquer par vingt ans de lassitude d’utilisation du préservatif. On constate également un abandon des campagnes de prévention au sein de l’Education nationale. Nous les défions d’apporter la preuve d’actions menées auprès des rectorats. Voilà une des raisons pour lesquelles les jeunes gays baisent entre eux sans capote, d’autant qu’ils savent qu’ils font partie de la population la moins touchée par l’épidémie. S’il y a quand même des budgets publics réservés à la prévention, il n’y pas de présence politique sur la question du HIV. En six mois de Grande cause nationale, Philippe Douste-Blazy [ancien ministre de la Santé] n’est jamais intervenu sur le sujet !"

> Syndicat National des Entreprises Gaies, Antonio Alexandre :

"On ne peut pas parler de désengagement des pouvoirs publics par rapport aux budgets alloués au VIH. Ce sont les associations qui doivent se remobiliser pour réaliser des actions mutualisées et ainsi cesser d’être leurs propres censeurs. Il y a un abandon du préservatif chez les gays qui ont une activité sexuelle forte. Il faut réagir et dire aux mecs d’arrêter de se contaminer les uns les autres sans quoi ils tueront la communauté. Chacun d’entre nous doit se montrer responsable devant ce relâchement et rester solidaire. Il faut lutter contre le sérotriage qui consiste à dire que les séropos ne veulent plus baiser qu’entre eux sous prétexte de baiser sans capote."

> Elus Locaux Contre le Sida, Jean-Luc Roméro :

"Le sida n’a pas été assez Grande cause. J’ai été déçu par le nouveau Premier ministre qui n’a pas abordé la question du VIH dans son programme. Si nous avons des reproches à faire, c’est avant tout à nous, les associations, qu’il faut les adresser. Je vois bien en étant très présent sur le terrain que les associations de convivialité n’abordent plus la question du sida. Les associations de jeunes gays refusent quant à elles de l’aborder sous prétexte de ne pas stigmatiser une population. On peut les comprendre dans le sens où ils n’ont pas vu leurs copains mourir. En voyant des mecs comme moi vivre depuis vingt ans avec le sida, ils se disent qu’ils peuvent avoir une belle espérance de vie même si le pire leur arrive. Sauf qu’ils ne soupçonnent pas à quel point nous souffrons dans notre chair et ça, les médias généralistes ne le disent pas assez."

> Institut National de la Prévention et de l’Education à la Santé, Philippe Lamoureux :

"Les chiffres confirment une tendance qu’on pressentait. C’est la première fois dans l’histoire de la santé publique qu’une épidémie devient endémique. Les traitements donnent l’illusion que le sida est une maladie dont on ne meurt plus, d’autant que les nouvelles générations ne sont pas porteuses de l’histoire de l’épidémie. Pour beaucoup, le sida est devenu une maladie chronique traitée, certes handicapante mais pas mortelle. Il faut s’adapter, rénover le discours de prévention et individualiser les conseils pour se rapprocher encore plus du public auquel on s’adresse. Notre nouvelle campagne marque une évolution stratégique majeure. Le message, c’est : "N’inscrivez pas le test dans une stratégie de "rassurance" pour ne pas modifier votre comportement jusqu’au prochain test, mais faites-vous dépister et protégez-vous."

Retrouvez les archives d'Illico / E-llico.com.

Plus 40.000 articles de la rédaction retraçant la vie de la communauté LGBT dans les domaines politique, sociétal, culturel et sanitaire de 2001 à 2022.

Tapez un mot-clé exprimant votre recherche dans le moteur de recherche ci-dessus.