L’autre Amérique -

L’autre Amérique

Si le récent succès de la Gay Pride de Sao Paulo (2 millions de personnes !) marque le réveil du mouvement gay au Brésil, l’état des droits des homos en Amérique centrale et du Sud est quasiment au point mort. Et ce en dépit de quelques progrès en Argentine ou au Costa Rica. Enquête sur un continent où tout reste à faire…

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L’autre Amérique

Mis en ligne le 19/07/2005

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En 2003, Buenos Aires est devenue la première ville d’Amérique du Sud à reconnaître légalement les couples homos. César Cigliutti, président de la CHA (Comunidad Homosexual Argentina), mouvement homosexuel à l’origine du texte de loi, revient sur cet événement sans précédent en Amérique latine et évoque son ambitieux projet de loi sur l’adoption, qui doit être débattu au Sénat dans les prochaines semaines.

> Que permet l’actuel texte d’Union civile en vigueur dans la ville de Buenos Aires ?

L’Union civile est une figure juridique en grande partie calquée sur le PaCS français. Comme votre PaCS, il est ouvert aux couples homos et hétéros. Il légalise une union à caractère laïc conclue entre deux personnes indépendamment de leur sexe ou de leur tendance sexuelle. Il apporte aux bénéficiaires une plus grande stabilité juridique et certaines prérogatives dont la plus importante est la protection sociale. Mais c’est surtout le poids symbolique de cette mesure qui compte pour nous. Cette loi municipale a eu un impact positif et national sur l’acceptation des homosexuels dans une société ou le catholicisme est encore religion d’Etat.

> Quels souvenirs gardez-vous du vote ?

Le vote a eu lieu en 2003, lors de la dernière session parlementaire de l’année. Plusieurs élus ont essayé de retarder le débat afin de reporter le vote à l’année parlementaire suivante. Nous avions en tête l’échec du premier débat sur le PaCS en France et nous craignions un absentéisme qui aurait été fatal au bon déroulement du vote. Nous avons donc décidé de faire signer un engagement à chacun des élus afin qu’il promette de rester dans l’hémicycle jusqu’au moment du vote. Les débats ont commencé à 14 h 00 mais le vote final a eu lieu à 5 h du matin ! La presse du monde entier était présente. Le lendemain, le projet faisait les gros titres de toute la presse argentine. Pour la première fois, les couples homosexuels obtenaient une reconnaissance légale en Amérique du Sud.

> Comment avez-vous contenu la forte opposition de l’Eglise au projet ?

Nous avons décidé d’ancrer notre discours dans le seul domaine des droits civils. Notre projet était une réponse à un vide juridique qui créait de fortes injustices sociales. Nous avons mis en avant des cas extrêmes d’injustice afin de convaincre l’opinion publique de la nécessité de cette réforme. En enracinant ce projet dans une problématique civile et juridique, nous avons fortement réduit l’espace d’expression et d’indignation de l’Eglise catholique.

> Quelles sont les prochaines étapes de votre combat ?

Nous travaillons actuellement sur un nouveau projet de loi, à application nationale cette fois-ci. Il devrait être discuté au Sénat d’ici un à deux mois. Ce projet est beaucoup plus ambitieux que le texte actuel. Il prévoit notamment l’adoption par des couples de même sexe. Il devrait également apporter un ensemble de nouveaux droits, comme une pension de veuvage pour le partenaire survivant. Il facilitera également les démarches de transmission de biens et d’héritages au sein des couples homosexuels. Si ce projet aboutissait, il ferait de l’Argentine l’un des pays les plus " gay friendly " de la planète !

Par Hervé Ségata

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