Ségolène Royal entre égalité et symboles -

Ségolène Royal entre égalité et symboles

Parce qu’elle est devenue la madone des sondages, Ségolène Royal est devenue incontournable dans la pré-course à la présidentielle. Elle intrigue, séduit, dérange, même si ses convictions semblent encore en voie de formation sur nombre de sujets, dont l’homosexualité.

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Ségolène Royal entre égalité et symboles

Mis en ligne le 16/03/2006

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Parce qu’elle est devenue la madone des sondages, Ségolène Royal est devenue incontournable dans la pré-course à la présidentielle. Sera-t-elle la candidate du PS ? Nul ne le sait encore. Il n’empêche que la présidente de la région Poitou-Charente intrigue, séduit, dérange, même si ses convictions semblent encore en voie de formation sur nombre de sujets, dont l’homosexualité. C’est en raison de ce flou que nous avons choisi d’évoquer dès aujourd’hui le cas Ségolène, entre modernité et tradition.

Ségolène Royal n’est pas mécontente de bousculer la vie politique. Elle est surtout satisfaite d’avoir enfin la main, de personnifier un certain renouvellement en politique. Star actuelle des sondages, elle n’en perd pas moins de vue que cette position, pour agréable qu’elle soit, est fragile. Du coup, elle s’expose avec prudence en privilégiant les contacts directs avec les Français y compris par voie de presse : lecteurs du "Parisien", lectrices de "Femme actuelle"… Elle prend surtout garde, dans les rares interviews qu’elle accorde, à ne pas trop insulter l’avenir par des prises de position tranchées. Prudence, prudence.

Il en va évidemment ainsi à propos de l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe, sujets de société jugés délicats par excellence. Ségolène Royal pourrait faire l’impasse, mais ces dernières années ont vu ces deux questions occuper largement l’espace public. A tel point qu’il est devenu impossible de prétendre occuper les plus hautes fonctions sans se prononcer sur ces revendications qui seront au cœur des débats de 2007. Nous ne sommes qu’en 2006, il faut donc ne pas se dévoiler trop vite. En un mot, être prudent.

Ainsi, la députée n’accorde pas pour le moment d’interviews aux médias gay, et rencontre peu et de façon discrète les associations LGBT (1). Interrogée récemment dans "Le Parisien" (2) sur le mariage homosexuel, Ségolène Royal indique d’ailleurs : "Je me suis toujours refusée à instrumentaliser les questions de société pour faire "dans le coup". Une façon de jongler avec les engagements de la motion de synthèse majoritaire du Congrès du Mans (favorable au mariage et à l’adoption) dont elle est signataire. Une façon aussi de se démarquer de certains de ses concurrents au sein du PS. Une façon surtout de justifier cette fameuse démocratie participative, fer de lance de sa stratégie actuelle. Car pour le moment, il s’agit comme Ségolène Royal l’énonce sur son site Désirs d’avenir, "d’écouter pour agir juste", et ce d’autant que "dans un monde de plus en plus complexe mais aussi informé, chacun détient une part de vérité".

Les débats ainsi ouverts (il y en a sur le mariage de couples de même sexe et l’homoparentalité) feront l’objet de synthèses qui infléchiront la réflexion de la candidate… et sans doute même son programme. Certes, Ségolène Royal a déjà des idées dont certaines ont d’ailleurs été mises en œuvre à l’occasion de ses activités ministérielles, des certitudes et des croyances (sur la famille notamment) mais aussi des doutes. Du coup, plutôt que de prendre le risque (surtout si tôt) de s’exposer aux critiques — notamment dans son camp —, elle préfère procéder par coups de sonde, échafauder des hypothèses volontairement floues ("La loi doit pouvoir créer [une] union en mairie…" avance la députée) et voir ce que cela donne.

Ce souci de susciter le débat, de vouloir être en phase avec les citoyens, de mieux appréhender l’état de l’opinion, limite sans doute les risques d’erreurs, les fautes d’appréciation. En gros, d’être à côté de la plaque. Reste que si "chacun détient une part de vérité", le politique doit, au final, trancher et proposer. Les associations LGBT le savent. Elle savent aussi que Ségolène Royal est à la fois décomplexée sur l’égalité des droits mais crispée sur les symboles. Ce qu’elles savent aussi, c’est ce que le ou la candidat-e désigné-e pour conduire le PS en 2007 sera porteur d’un projet qui comprendra certes une importante part personnelle mais qui sera surtout un projet élaboré collectivement et soutenu par la majorité des militants socialistes. Et depuis 2005, une majorité est favorable à l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe.<

(1) HES a pu s’entretenir avec la députée début février.

(2) "Le Parisien", 23 février 2006.

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