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Le PaCS pianissimo

De tous les grands pays européens, l’Italie est le seul à n’offrir aucun statut ni aucune reconnaissance aux couples de même sexe. L’enjeu des élections du 9 avril est donc important, d’autant que la coalition de gauche s’est engagée en faveur d’une version locale de notre bon vieux PaCS.

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Mis en ligne le 30/03/2006

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Par Jean-François Laforgerie

De tous les grands pays européens, l’Italie est le seul à n’offrir aucun statut ni aucune reconnaissance aux couples de même sexe. La faute à l’hostilité très forte d’une Eglise catholique omniprésente (le Vatican est au cœur de Rome) et au refus obstiné de Silvio Berlusconi et de ses alliés populistes de faire quelque geste que ce soit. L’enjeu des élections du 9 avril est donc important, d’autant que la coalition de gauche s’est engagée en faveur d’une version locale de notre bon vieux PacS.

Des propos honteux de ministres contre les gays qui ne se tiendraient pas ailleurs en Europe, des sorties homophobes de dignitaires catholiques à la pelle, un retard incroyable des droits des personnes LGBT… Décidément, l’Italie est un cas à part. En effet, à ce jour, l’Italie (57 millions d’habitants tout de même) est un des pays d’Europe qui reconnaît et protège le moins ses citoyens LGBT. Pas étonnant que la gauche, qui a de sérieuses chances de l’emporter lors des législatives des 9 et 10 avril, ait — sur pression du mouvement homo italien, il est vrai — décidé d’aller enfin de l’avant sur ce sujet. Histoire de montrer sa différence, comme de s’inspirer de l’exemple de la réussite espagnole. Lors de cette campagne, le débat s’est noué, pour la première fois dans la péninsule, sur la reconnaissance du couple de même sexe. Au moyen du mariage ? Pas du tout : par une modeste reprise du PaCS qui ne permettra que de rattraper partiellement le retard.

"Je suis favorable à la perspective d’introduire le mariage pour les couples de même sexe, explique Pasqualina Napoletano, députée européenne (Démocrates de gauche) et vice-présidente du Groupe Socialiste Européen. Je trouve, cependant, que cette revendication est encore prématurée pour la société italienne. D’ailleurs, je constate que même les organisateurs de la manifestation du 14 janvier et les associations homosexuelles italiennes donnent la priorité au PaCS" soutient cette militante des droits LGBT.

Du coup, alors que différents pays d’Europe ouvrent le mariage aux homos, l’Italie avance prudemment. A cela deux raisons, une certaine pusillanimité de Romano Prodi, chef de la gauche italienne, sur cette question et le poids de l’Eglise catholique sur la vie politique et la société transalpine. "L’Unione de Prodi envisage d’introduire ce droit mais je dois ajouter, sincèrement, qu’il reste encore des difficultés au sein de notre alliance de centre-gauche sur la nature juridique à donner au nouveau PaCS, constate Pasqualina Napoletano. Certaines réserves de Romano Prodi s’expliquent par un excès de respect des positions de l’Eglise. Il est évident que, pour des raisons d’équilibre à l’intérieur de notre coalition, il faut tenir compte du vote d’inspiration catholique ; mais je pense que parfois on donne une interprétation inexacte de l’avis des catholiques."

Reste que ce numéro d’équilibriste agace les militants homos italiens. Les lesbiennes d’Arci Lesbica (principal groupe lesbien du pays) ont d’ailleurs retiré leur soutien à l’Unione. D’un côté, Prodi soutient les gays dans leurs revendications. De l’autre, il critique les manifestations qui les mettent en avant. Du coup, les militants qui savent qu’ils n’ont rien à attendre de la droite italienne qui refuse toute reconnaissance du couple homo, doivent se contenter du mieux disant, aussi loin du compte soit-il.

Prudente lors de sa campagne sur les questions LGBT, l’Unione, une fois au pouvoir, pourrait peut-être marquer la différence. C’est du moins ce qu’espèrent les militants et les politiques les plus déterminés.
"J’espère vraiment qu’un effet Zapatero puisse se créer dans notre société. Sa politique de réformes en Espagne a reçu une attention extraordinaire dans notre pays, comme dans l’Europe entière, note Pasqualina Napoletano. Je souhaite aussi que l’Europe devienne le terrain politique de la liberté et de l’égalité pour tout le monde. L’Europe est née pour ça. J’attends maintenant que les droits des homosexuels trouvent, grâce à l’Europe, une réalisation complète."

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