Pride 2006, objectif 2007 -

Pride 2006, objectif 2007

Pour cette dernière Marche des Fiertés avant l’élection présidentielle de 2007, l’accent est mis une nouvelle fois sur la demande d’égalité des droits pour les gays et les lesbiennes. Même si on est encore loin du rendez-vous électoral, les partis ont bien conscience de l’enjeu et multiplient les appels du pied…

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Pride 2006, objectif 2007

Mis en ligne le 15/06/2006

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Le slogan de la Marche définit bien les enjeux : "Pour l’égalité en 2007" dit assez que cette Gay Pride est un tour de chauffe avant le grand rendez-vous électoral de 2007, le moyen de rappeler aux partis et aux candidats potentiels à la présidentielle les revendications des LGBT concernant le mariage, l’adoption et la lutte contre l’homophobie. Les politiques ne s’y sont pas trompés et fourbissent leurs annonces : le PS s’apprête (enfin) à dégainer sa proposition de loi ouvrant le mariage aux homos, et Sarkozy devrait sortir du silence pour se prononcer en faveur d’un partenariat civil qui hérisse une bonne part de la droite. Le concours du mieux-disant est lancé, et la Marche confirme ainsi son statut de formidable moyen de pression pour faire avancer nos droits. Rendez-vous donc nombreux à Montparnasse !

UNE MARCHE PRÉSIDENTIELLE

"Le mariage peut être contracté par deux personnes de sexes différents ou de même sexe" : tel est le texte de la proposition de loi que le Parti Socialiste s’apprête à déposer sur le bureau de l’Assemblée Nationale, à quelques jours de la Marche des Fiertés 2006. Difficile de faire plus clair : à la fois dans les termes (d’autant que le texte comprend aussi l’ouverture de l’adoption aux couples de même sexe) qui surfent sur la notion d’égalité qui est aussi le slogan de la Marche cette année, mais aussi dans le timing.

En faisant cette annonce à ce moment-là, le parti de François Hollande confirme à quel point la Marche est un rendez-vous important pour imposer les questions gay dans le débat politique, juin étant devenu le mois des annonces politiques concernant nos revendications : c’est une des grandes réussites du mouvement LGBT de ces dernières années. Et le PS n’est pas le seul à avoir saisi l’enjeu d’être raccord avec le slogan de la Marche. Tous les partis ont bien compris l’importance de ce rendez-vous rituel et ajustent leur calendrier en conséquence. Début juin, les rendez-vous entre responsables politiques et associations LGBT, l’Inter-LGBT en tête, ont donc démarré. PS, bien sûr, mais aussi UDF, Les Verts, PC et même UMP…

Et cette année, il s’agit de ne pas rater le coche et de prendre date pour la campagne présidentielle à venir. On le voit à la multiplication des prises de position, à une certaine fébrilité des élus qui multiplient gestes, annonces, symboles. Si le geste le plus fort sera sans nul doute la sortie de la proposition de loi socialiste, il devrait être suivi par des annonces de Ségolène Royal et du président de l’UMP, Nicolas Sarkozy. C’est du moins ce que croit savoir et espère l’Inter-LGBT.

"Cette année, notre slogan est "Pour l’égalité en 2007", indique Alain Piriou, porte-parole de l’Inter-LGBT. Il montre quel est le véritable enjeu de la campagne présidentielle de 2007, qui ne doit en aucune façon être le PaCS. Pour nous — même si des améliorations sont encore souhaitables — cette page-là est tournée. Nous avons un mois pour amener la campagne électorale de 2007, déjà bien lancée, sur notre terrain et nos revendications et l’y maintenir. "

L’objectif 2007 est donc l’égalité. En langage LGBT, c’est, au minimum, l’ouverture du mariage aux couples homos tout comme l’adoption et une prise en compte de l’homoparentalité. Ces derniers mois, c’est l’UMP qui a été à la manœuvre avec des avancées importantes sur la lutte contre l’homophobie et des améliorations parcellaires du PaCS. La gauche — le PS plus particulièrement — s’est contentée de réagir aux décisions de la droite et n’a jamais pris la main sur ces dossiers où elle était traditionnellement moteur. Elle le fait aujourd’hui seulement.

Du côté de la majorité, les choses sont plus compliquées. L’UDF et encore plus l’UMP comptent beaucoup d’élus s’opposant aux revendications LGBT, notamment les 287 députés et sénateurs (soit la moitié des effectifs parlementaires de droite) réunis dans l’Entente parlementaire, dont Christian Vanneste et Christine Boutin. Reste que cette question pourrait être une occasion pour Nicolas Sarkozy de décliner son fameux principe de rupture… sans être sûr d’être suivi par ses troupes. Une des pistes en discussion pourrait être l’instauration d’un partenariat civil à la britannique (réservé aux couples de même sexe donc) ouvrant des droits très proches du mariage mais ayant surtout l’avantage de ne pas toucher au mariage, fer de lance de la politique familiale de l’actuelle majorité. Cette piste ne ravit pas une partie de la communauté LGBT, mais le pragmatisme prévaut. "Nous n’y sommes pas favorables, note Alain Piriou. L’idée est très vendable à l’opinion publique surtout si la parentalité n’y est pas prise en compte. Nous défendrons d’autres propositions mais s’il n’y a pas d’alternance en 2007, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre cinq ans. En fait, sur la question de l’égalité, il faudra choisir en 2007, projet contre projet."

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