Par Jean-François Laforgerie

Trois circonscriptions aux législatives (dont la sienne dans les Yvelines qu’elle briguera pour la cinquième fois) pour son Forum des républicains sociaux (1), un poste de conseillère politique de Nicolas Sarkozy, Christine Boutin n’a pas trop mal vendu son renoncement à se jeter dans la campagne
présidentielle en 2007. Le souvenir de son échec de 2002 (1,9 % des voix), des difficultés à recueillir ses parrainages, les sondages qui annoncent un FN élevé et l’assurance qu’elle garderait sa "liberté de parole" durant la campagne ont parachevé le marchandage.
On parle même d’elle pour un ministère en cas de victoire de la droite.

Du côté de l’UMP, on justifie cette décision au motif que "l’humanisme social" défendu par Christine Boutin "a toute sa place dans la palette" de l’UMP (2). Cette nomination inquiète peu les associations LGBT. "Cette nomination permet à Christine Boutin de sauver la face et n’est pas une surprise. Sa désignation n’est pas antinomique avec le virage conservateur pris sur les sujets de société par Nicolas Sarkozy. Celui-ci, après avoir longtemps entretenu l’ambiguïté sur le mariage et l’adoption, y est clairement opposé désormais. Il est devenu "Boutin compatible", explique Alain Piriou de l’Inter-LGBT. Concernant le projet de contrat d’union civile, je ne pense pas que Christine Boutin y croît vraiment ni qu’elle pense que cette proposition, déjà contestée à l’UMP, soit adoptée. Si par hypothèse, un tel texte venait en débat, elle ferait ce qu’elle fait désormais, ces dernières années, sur des sujets de ce type, elle s’absente de l’hémicycle." Car c’est une évidence, depuis le débat sur le PaCS qui lui a valu la notoriété et une image d’homophobe patentée, Christine Boutin a un peu levé le pied dans ses attaques sur les revendications homos… du moins sur la forme. Elle est toujours contre le mariage gay, mais ce point n’est même plus cité dans son programme (3). Un signe ?

(1) Parti fondé par Christine Boutin associé à l’UMP.
(2) Interview de Valérie Pécresse, porte-parole de l’UMP, 4 décembre.
(3) Son blog y fait peu référence, le programme de son parti FRS n’en parle plus.