Sexe gay et sérochoix -

Sexe gay et sérochoix

Le département de santé de la ville de San Francisco vient de lancer une campagne qui constitue un tournant majeur dans la politique de prévention du VIH/sida auprès des gays. Cette campagne porte sur le sérosorting, une stratégie de prévention qui consiste à "choisir son partenaire et ses pratiques sexuelles en fonction du statut sérologique du partenaire". Explications et interview d’Olivier Jablonski de Warning, le premier à avoir parlé, en France, de cette "révolution" dans la prévention sida.

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Sexe gay et sérochoix

Mis en ligne le 15/01/2007

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Par Jean-François Laforgerie



Comme le pointe, très justement, Warning : "Les derniers chiffres fournis par l’Institut de veille sanitaire montrent que l’épidémie de sida se stabilise dans la population hétérosexuelle (…) En revanche chez les gays, elle se maintient à un niveau important, où elle reste dynamique chez les plus de trente ans et progresse chez les plus de quarante ans. Si la politique de prévention semble donc fonctionner chez les hétérosexuels, elle éprouve des limites chez les homosexuels. Ce sont les générations homosexuelles les mieux informées, qui ont une connaissance de plus de vingt ans de l’épidémie, qui sont les plus concernées par l’augmentation des contaminations."
De ce constat, Warning tire un enseignement : la nécessité de "différencier les approches de prévention", en adaptant cette dernière aux jeunes, aux gays plus âgés, aux gays qui connaissent leur statut sérologique, aux gays qui l’ignorent. De nouvelles pistes sont à ouvrir et à tenter. C’est ce qui se passe, par exemple, à San Francisco où près de 25 % des homosexuels sont actuellement séropositifs. Le département de santé de la ville a — au vu de ce qui se passait dans les communauté gay (1) — grandement modifié ses recommandations en matière de prévention en prenant en compte les prises de risques sexuels, l’incitation au dépistage, la connaissance du statut sérologique du partenaire, le dialogue avec le partenaire sur ce sujet, etc. Cette stratégie s’appelle le sérosorting. Jusqu’à présent, cette stratégie se pratiquait par les gays sans l’aval des pouvoirs publics ou des associations de prévention. Désormais, cette stratégie est soutenue et défendue par les autorités locales (A San Francisco, un site Internet de conseil pour favoriser la communication du statut sérologique entre partenaires sexuels a été créé). Contesté par les associations de prévention, le sérosorting, stratégie qui n’a rien de miracle et qui a ses limites, suscite désormais l’intérêt. Un intérêt largement justifié pour ce qui constitue un tournant dans la politique de prévention sida.

(1) Ces dernières années, il a été constaté à San Francisco une augmentation des relations sexuelles non protégées dans la communauté gay. Pourtant le nombre de contaminations à San Francisco est stabilisé depuis 1999. Il est même en baisse depuis peu. L’explication tient dans le fait que si les relations non protégées sont en augmentation, celles avec un partenaire de statut différent ou inconnu (qui représentent le risque réel de transmission du VIH), sont, elles, en diminution. Cette situation s’explique par la mise en place par les gays eux-mêmes de la stratégie du sérosorting.

(2) Pour plus d’infos, il faut se reporter au site de Warning : www.thewarning.info

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