La presse gay à plein tirages -

La presse gay à plein tirages

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La presse gay à plein tirages

Mis en ligne le 18/07/2005

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Double anniversaire pour la presse gay française : tandis que "Têtu" fête ses dix ans et son numéro 100, "Préférences" atteint son premier anniversaire. L’occasion était trop belle de se replonger dans les piles de journaux et de magazines qui font les beaux jours des homos depuis un quart de siècle.

Par Jean-François Laforgerie, Julien Picquart et Didier Roth-Bettoni


Il y a dix ans, quand on voulait acheter "Têtu", c’était souvent avec les magazines pornos, sur les rayonnages du haut, qu’il fallait le chercher. Pourtant, il n’y était pas beaucoup question de sexe. Aujourd’hui, "Têtu" s‘affiche dès la porte de votre marchand de journaux, et avec des titres aussi peu farouches que "Tout sur la bite". Etonnant retournement de situation qui a vu le magazine s’imposer en une décennie avec une formule simple : associer des pages d’infos, des dossiers d’actualité, à des rubriques sexe, mode et beauté.

Du sérieux et du léger : la recette vient de la presse féminine. Elle est la même pour les autres médias, tel Pink TV, qui s’approche des 50 000 abonnés. Son patron, Pascal Houzelot, a bataillé auprès du CSA pour pouvoir diffuser un film porno tous les soirs, sans quoi sa chaîne n’aurait jamais été viable : le téléspectateur homo moyen ne se contente pas de talk-shows ou de téléfilms multirediffusés, il veut du sexe. L’histoire des médias homos depuis vingt ans montre qu’il n’y a pas de salut hors de cette ligne rédactionnelle.

La longévité d’un titre comme "Illico", créé en 1988, en est un exemple. Le lecteur homo y trouve des infos de toutes sortes : politiques, culturelles, associatives, sexuelles. Une formule déjà déclinée par le premier des titres de presse gay en France, "Gai Pied", de 1979 à 1993, où les infos militantes se mélangeaient aux petites annonces de cul et aux photos de jolis garçons. Et si Fréquence Gaie, la radio homo à laquelle a succédé Radio-FG (qui a vite abandonné le créneau gay pour la techno), a connu le succès au début des années 80, c’est, de la même façon, grâce à une grille de programmes où se mêlaient magazines politiques ou culturels, et émissions dédiées au sexe ou aux témoignages.

A contrario, les échecs d’un magazine comme "Ex Aequo" à la fin des années 90, ou, très récemment, celui ultra-rapide (un seul numéro) de "Egéries", montrent l’extrême difficulté de faire un journal centré sur la culture homo (haut de gamme ou plus people) et qui ne proposerait pas de sexe. Si "Préférences" vient de fêter son premier anniversaire, c’est qu’il assume l’érotisme homo et l’associe à des articles intelligents. Et si les gratuits autres qu’"Illico" ont une durée de vie limitée ou sont peu considérés, c’est qu’ils sont pauvres en infos et saturés de pages "people" et de petites annonces.

Pour s’imposer, un média homo doit être à l’image de son lecteur, de son auditeur ou de son téléspectateur, et au-delà de ce que serait l’homosexualité aujourd’hui (comme de ce qu’elle était hier) : non seulement, une orientation sexuelle, mais aussi l’appartenance à une minorité qui a sa culture et se bat pour l’égalité de droits. Tant que l’homosexualité pourra se définir ainsi, les médias homos auront de l’avenir.

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