Par Marlène

Il en aura fallu du temps pour que la télé s’intéresse à nous, les filles, et que cela soit fait de façon si intelligente et universelle que même les spectateurs masculins s’y retrouvent… Du temps pour avoir une lucarne de visibilité au milieu des programmes désespérément hétéros ou, effet de mode, follement gay. Pour sortir des seconds rôles alibis. Pour voir s’afficher des femmes, belles, sexy, féminines et homosexuelles dans des rôles phares.
Cette absence va voler en éclat avec la diffusion de "The L word" sur Canal Plus et Pink TV en juin.
Finement écrite, judicieusement pensée et parfaitement interprétée, cette série ne tombe pas, et c’était le piège, dans la caricature du monde lesbien. Certes les comédiennes y sont sûrement plus glamour et sexy que dans pas mal de bars… et après ?

Emmenée par Jennifer Beals ("Flashdance") et Pam Grier ("Jackie Brown"), cette série pénètre avec humour, tendresse et acuité le monde lesbien de Los Angeles au travers d’un groupe d’amies (voir encadré). Et de la Cité des Anges à Paris, on s’aperçoit qu’il existe une universalité des comportements, des préoccupations et des problèmes : homoparentalité, confusion des sentiments, désir, fidélité, tromperie, difficulté de trouver l’âme sœur ou d’assumer son homosexualité… les grands thèmes qui nous concernent tous s’y retrouvent.

Diffusé pour la première fois en 2004 sur la chaîne cablée américaine Showtime, "The L word" a été salué par la presse et plébiscité par le public, permettant à la chaîne de quadrupler son audience. Un succès qui tient pour partie à la crédibilité des personnages, bien campés, évitant les stéréotypes et suffisamment diversifiés pour que chacun (et surtout chacune) y retrouve un bout de soi.

Autre raison de ce succès, la nouvelle collaboration de Rose Troche (réalisatrice) et Guinever Turner (scénariste) dont l’association avait produit le film culte "Go fish". Indéniablement, leur regard et leur connaissance du monde lesbien, des complexités et subtilités féminines a permis cette juste retranscription. "J’écris pour les lesbiennes mais aussi pour ceux qui pensent qu’être lesbienne c’est juste une question de sexe. J’écris pour que l’on voie qu’elles ont les mêmes problèmes, les mêmes joies et les mêmes difficultés que tout le monde" explique Guinever. Cela n’a pourtant pas empêché la scénariste d’appréhender certaines critiques : "La critique de la communauté gay est ce qui me rend nerveuse. Car si la série est bien accueillie, cela ouvrira la porte à d’autres. Les gens comprendront que les lesbiennes à la télé sont aussi intéressantes et compliquées que n’importe qui. C’est une étape vers quelque chose de nouveau, un univers qui a du potentiel". Les résultats ont apaisé ses craintes et la troisième saison est actuellement en tournage.

Reste à découvrir l’accueil qui lui sera réservé en France. A la vue des premiers échos (voir encadré), et avec sa diffusion quasi simultanée sur deux chaînes, "The L word" a toutes les chances de s’imposer comme l’une de nos meilleures références.

Diffusion sur Canal Plus à 20 h 55 le dimanche à partir du 19 juin. Sur Pink TV, le samedi à 20 h 50 à partir du 25 juin.

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