«Je n’ai évidemment pas changé d’opinion» - Christian Vanneste

Christian Vanneste

«Je n’ai évidemment pas changé d’opinion»

Alors que le parquet a réclamé la confirmation de la condamnation du député UMP du Nord Christian Vanneste pour ses propos homophobes, celui-ci se déclare déterminé à aller devant la cour européenne des droits de l’Homme de Strasbourg. Interview.

E-llico.com / Actus

«Je n’ai évidemment pas changé d’opinion»
Christian Vanneste

Mis en ligne le 19/12/2006

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Quelles conséquences tirez-vous aujourd’hui de votre première condamnation à Lille en janvier 2006 ?

Il y a dans notre pays, la France, le droit à la liberté d’expression et notamment le droit à la liberté de la presse. A mon avis, ce droit a été
fortement écorné au moment de la décision du première instance [Lille, janvier 2006] puisque je vous rappelle qu’on a, dans le fond, condamné un député qui s’est opposé à une loi et qui a ensuite expliqué à deux journalistes pourquoi il s’était opposé à cette loi. Je n’ai évidemment pas changé d’opinion et je n’ai aucune raison d’en changer. Simplement, je me rends compte que si je persévère dans cette opinion je suis condamné. Ce qui pose véritablement un problème dans le pays de Voltaire et de Beaumarchais.

Qu’attendez-vous de ce procès en appel ?

J’attends la relaxe, bien sûr. Je comprends que ces idées ne soient pas plaisantes pour tout le monde, mais enfin, ce sont des idées majoritaires dans notre civilisation. Cela fait 2 000 ans que nos institutions sont fondées sur une certaine conception de la famille, dont le mariage entre un homme et une femme. Je défends cette thèse, sans aucune agressivité d’ailleurs, contre ceux qui pensent autrement, tout simplement. Je pense avoir le droit de défendre cette opinion. Je me refuse à reconnaître une quelconque identité et encore moins une communauté qui répondrait à des principes qui me paraissent contraires à l’intérêt général et à l’intérêt de notre société en particulier.

Vous avez été condamné en première instance. Pourquoi ne le seriez-vous pas par la cour d’appel de Douai ?

Tout simplement parce que l’interprétation même dans le premier jugement laisse pour le moins à désirer. Je crois qu’il faut regarder les choses. Quand quelqu’un dit : "Je crois qu’il y a une infériorité morale de l’homosexualité par rapport à l’hétérosexualité qui permet le mariage, la construction d’une famille, la procréation, l’éducation des enfants", c’est un point de vue, un point de vue qui se trouve dans toutes les institutions, dans toutes les religions, qui a été défendu par Voltaire et Benoît XVI. Et on me condamnerait pour ça. C’est tout de même un peu bizarre, non ? C’est pour cela que j’ai fait appel parce qu’une telle décision pose un problème de fonctionnement de la justice.

Comment expliquez-vous que votre parti, l’UMP, ne vous soutienne pas ?

C’est inexact. Nous sommes 300 parlementaires UMP et UDF à avoir signé l’Entente parlementaire qui s’oppose radicalement au mariage homosexuel et à l’adoption des enfants par les homosexuels [ce texte, quoique que laisse entendre Christian Vanneste, n’est pas un appel à soutenir le député face à la justice]. D’autre part, j’ai rédigé une proposition de loi (1) cosignée par vingt et un parlementaires très courageux. Vingt et un, c’est un nombre suffisant pour faire un groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale. Nous sommes des élus du peuple. Ce n’est pas rien. Un élu du peuple, c’est quelqu’un qui est mandaté par le peuple pour s’exprimer en son nom. Et tout
ce que j’ai fait. Je l’ai fait au nom de ceux qui m’ont mandaté.

Si vous n’êtes pas relaxé par la cour d’appel. Quelle suite donnerez-vous ?

S’il le faut, cela ira jusqu’au niveau européen. C’est-à-dire devant la cour européenne des droits de l’Homme de Strasbourg parce que cette affaire remet en cause le fonctionnement de la démocratie française, le fonctionnement des rapports entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif. La liberté d’expression en France est une valeur fondamentale. Et je ferai remarquer que je n’exige pas que tout le monde pense comme moi.

Quelle conséquence tirez-vous du non-lieu dans l’affaire Sébastien Nouchet ?

Cela porte atteinte à la crédibilité de la loi [de décembre 2004 pénalisant les injures et insultes homophobes]. Cette loi a été votée dans des circonstances tout à fait particulières. Les éléments que j’ai critiqués n’étaient pas inscrits dans le texte de loi en première lecture, ils n’ont été ajoutés qu’au sénat en raison de l’émoi provoqué par l‘affaire Nouchet. Quand on sait que l’affaire Nouchet était en grande partie fabriquée, on se rend bien compte que cette loi, elle-même, a été votée en ne tenant pas compte du déroulement normal de la procédure parlementaire.

Vous dîtes avoir reçu de nombreux témoignages de soutien ?

C’est exact. Des amis ont créé une association Les amis de Christian Vanneste [elle compterait près de 800 adhérents]. J’ai reçu des milliers de mail, de messages de soutien. Je suis d’ailleurs en train de travailler à un ouvrage sur cette affaire qui rendra compte notamment des nombreuses réactions que j’ai reçues.

Propos recueillis par Jean-françois Laforgerie

(1) Il s’agit d’une proposition de loi déposée cet été qui vise à abroger toutes les dispositions permettant de poursuivre les injures et insultes homophobes. Elle a été signée par vingt et un de ses collègues de l’UMP.

Mis en ligne le 14/12/06

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