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Delanoë et Panafieu livrent leurs derniers mots de campagne à E-llico

Bertrand Delanoë et Françoise de Panafieu livrent à E-llico.com leurs derniers mots de campagne sur les questions LGBT, après des échanges plutôt vifs entre leurs équipes sur le dossier des subventions aux associations LGBT notamment. Le sujet, censé embarrasser le maire sortant, n'aura réussi qu'à souligner la déficience de sa rivale.

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Delanoë et Panafieu livrent leurs derniers mots de campagne à E-llico
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Mis en ligne le 11/03/2008

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Les élections municipales dont le premier tour se dispute ce dimanche ont suscité un débat politique vigoureux. Et il est notable que les questions LGBT n'en ont pas été absentes en particulier dans les grandes villes du pays (Paris, bien sûr, mais aussi Lyon, Marseille, Toulouse ou Montpellier).

Alors que la politique du gouvernement vis-à-vis des revendications de la communauté homosexuelle demeure inexistante après 9 mois de pouvoir, le rendez-vous des municipales a permis de faire ressurgir quelques-unes des questions qui restent en plan au niveau législatif (unions gay, adoption) et de mesurer les différences qui persistent entre gauche et droite pour ce qui est de la prise en compte de la population LGBT au niveau local.

Avec le basculement à gauche de grandes métropoles comme Lyon et Paris aux municipales précédentes, des politiques de ville se sont mises en place qui ont enfin pris en compte l'existence de besoins pour des citadins gay et lesbiens. Tout n'a pas été fait, tout n'a pas été réussi. Mais un principe a été posé selon lequel les homosexuels ont désormais droit de cité dans leur ville.

Le droit de cité des homosexuels dans leur ville

Souvenons-nous qu'il n'en était rien, il y a sept ans. Que la question gay était un thème "national" que les élus locaux étaient bien contents de ne pas avoir à prendre à leur compte.

L'élection de Bertrand Delanoë – parce qu'il était le premier homme politique à faire ouvertement état de son homosexualité et parce que c'était la capitale – a changé la donne.

Paris, qui draine une forte population homosexuelle, a enfin reconnu cette réalité et lui a donné une traduction politique à travers les structures qui la représentent.
La Ville a pris langue avec les associations gays et lesbiennes de toute nature; politiques, culturelles, sportives, conviviales, sanitaires.
Elle a donné des moyens - mesurés – aux organisations qui forment un tissu communautaire essentiel et indispensable pour les centaines de milliers d'homosexuels qui vivent dans la capitale.

Pendant cette longue mandature, qui a vu se nouer de grands débats autour des droits homosexuels, la droite municipale parisienne n'a pas réussi à faire sa mue et a joué "petit" sur les dossiers LGBT. Certains de ses proches ont même flirté avec l'homophobie la plus basse.

"Petit", en effet que d'avoir ignoré ou boudé tous les votes en faveur des subventions aux associations LGBT ou de lutte contre le sida. Françoise de Panafieu, en bout de course, tente de donner une lecture "positive" de la position du groupe UMP. Mais que peut donc bien signifier de n'avoir pas voté pour (ces subventions) si ce n'est de manifester qu'on ne les approuve pas, et que de surcroît on n'ose pas assumer clairement cette position?

La question de ces fameuses subventions a été opposée à Bertrand Delanoë dès sa prise de fonction. Il aura été suspecté de favoritisme, de clientélisme, de communautarisme pendant les sept années de son mandat, de petites phrases en pamphlets, d'allusions en mensonges grossiers.
Cet angle d'attaque aura aussi été – volontairement ou pas – celui à travers lequel la thématique LGBT s'est installée dans la campagne à Paris. Si la droite comptait trouver là le talon d'Achille de Bertrand Delanoë, elle doit aujourd'hui le regretter amèrement.

L'effet boomerang de l'affaire des subventions LGBT

En effet, les attaques – dont l'épisode Cavada – ont permis au maire de revendiquer ses choix et de les expliquer sans l'affaiblir et le débat qui s'en est suivi est revenu à la figure de l'UMP parisienne de fâcheuse manière.
Comme pour le PaCS en son temps, la droite parisienne est apparue en retard d'une bataille sur ce dossier.

Non seulement la manoeuvre n'a pas pris, mais l'UMP parisienne a fini la campagne en concédant au maire sortant un bilan sans véritable reproche en matière LGBT. Jean-Marie Cavada a dû saluer la politique de subventions menée par Delanoë et s'est même cru obligé d'en demander davantage. Le porte-parole de Françoise de Panafieu, Pierre-Yves Bournazel et Nicole Guedj ont reconnu "des progrès" à Paris sur les questions LGBT et sida sous la mandature passée lors du débat organisé par le nouveau Centre.
On imagine que cette forme de reconnaissance n'était pas l'objectif initial.

La droite parisienne risque fort d'avoir le temps de méditer la méthode et le fond d'un argumentaire non seulement inefficace, mais aussi contre-productif, qui la renvoie - une fois encore -à ses archaïsmes et à ses déficiences sur les dossiers homosexuels.
Françoise de Panafieu n'aura décidément pas su imprimer, là ni ailleurs, la touche d'ouverture et de modernité dont elle avait prétendu être porteuse.

Mis en ligne le 07/03/2008

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