Nikolai Alekseev, qui a été littéralement enlevé par la police russe, jeudi dernier à l'aéroport de Moscou, affirme avoir été "menacé et pressé par ses ravisseurs de retirer une plainte contre les autorités de Moscou de la Cour européenne des droits de l'homme", selon Radio Free Europe.

Un porte-parole de l'aéroport a prétendu que le militant LGBT avait été arrêté après avoir refusé d'enlever ses chaussures au niveau du poste de vérification de sécurité, ce que dément Nikolai Alekseev qui explique que la sécurité de l'aéroport l'a retenu avant de le remettre à un groupe d'hommes en civil qu'il n' pu identifier, mais il pense qu'ils sont liés aux services secrets russes.

Il a ensuite été conduit dans un poste de police de Kashira, une petite ville à environ 100 kilomètres au sud de Moscou où il a passé deux jours.

Là, il dit avoir été menacé, harcelé, et sans doute même drogué.

"La première nuit, j'ai dormi sur une chaise et une table, a-t-il déclaré à Radio Free Europe. J'ai passé la seconde nuit sur une sorte de banquette. Ils m'ont donné de l'eau, mais je pense que quelque chose y avait été ajouté parce que mes réactions étaient ensuite anormalement lentes et je me sentais complètement désorienté. On m'a aussi donné des aliments comme les biscuits", ajoute l'organisateur de la Gay Pride de Moscou.

Alors que son téléphone portable lui avait été confisqué, des messages ont été émis à partir de celui-ci prétendant qu'il avait l'intention de demander l'asile politique à la Biélorussie.

Nikolai Alekseyev nie avoir jamais eu de telles intentions et affirme que ces messages ont envoyés par ses ravisseurs qui n'ont cessé de faire pression sur lui afin qu'il retire sa plainte auprès de la Cour européenne des droits de l'homme pour l'interdiction des rassemblements homosexuels à Moscou.

"Ils m'ont donné un document à signer, mais bien sûr je n'ai rien signé", soutient le militant qui a finalement été libéré et a pris un bus à Moscou, samedi matin, sans doute suite au réactions internationales consécutives à sa disparition.

"Je ne pense pas que les structures fédérales aurait eu recours à ces moyens si on avait voulu quelque chose de moi. Je pense que c'est en grande partie liés aux autorités de Moscou et les actions que nous avons prises à leur encontre," estime Nikolai Alekseyev au lendemain de son enlèvement.

Il va demander une enquête approfondie sur sa détention à l'aéroport et envisage de poursuivre les autorités aéroportuaires, qui, selon lui n'avait pas le droit de le retenir dans la zone d'embarquement, puisqu'il avait déjà passé la sécurité et avait quitté le territoire russe.

Il compte également poursuivre la compagnie Swissair, qu'il accuse de ne rien avoir fait pour empêcher son enlèvement.

Mis en ligne le 20/09/2010