le débat patine - Vidéo bareback

Vidéo bareback

Le débat patine

Six mois après une première salve, la polémique entre Act Up et les diffuseurs de films X renaît. "Illico", fidèle à son engagement de relayer ce débat important, a choisi de publier une nouvelle tribune de l’association tout en essayant de voir ce qui a changé depuis l’été. Le constat est amer tant la virulence de l’attaque semble avoir bloqué toute initiative en termes de prévention.

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Vidéo bareback

Mis en ligne le 02/01/2006

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Par Jean-François Laforgerie

Interpellés par Act Up-Paris cet été sur la diffusion des DVD bareback (films présentant des rapports non protégés), les professionnels du X et les diffuseurs le sont de nouveau cet hiver, toujours par Act Up qui tente de mobiliser une nouvelle fois contre ce qu’ils appellent le "bareback business". Paradoxe : c’est la diffusion d’une brochure de prévention ("Les génies du porno") destinée aux clients de ce type de films qui est à l’origine, cet été, de la polémique en France sur la diffusion de films bareback (voir "Illico" 26/08). Professionnels du X, diffuseurs et partenaires associatifs y voient une façon "responsable" d’encadrer la vente de ces films. Act Up (pourtant partie prenante du projet) dénonce, seule, une stratégie hypocrite, "une tartufferie" même.

Le résultat de cette première remise en cause n’est guère brillant. "Le débat sur les films bareback n’a pas pris, note Hervé Beaudoin, de Sida Info Service. Il y a une usure autour de la question de la prévention et peut-être que les gens sont las de ce type de polémique". Pas ou peu de réactions et aucune reprise en dehors des médias gay. Pire, l’attaque d’Act Up inaugure plusieurs mois sans aucune initiative. "A peine sortie, la première initiative de prévention a été pulvérisée, constate Jacky Fougeray, dirigeant du groupe Illico [dont Menstore, un des diffuseurs pris à partie pour Act Up, fait partie]. La réaction d’Act Up a tétanisé tous les acteurs engagés".

Le projet de court métrage de prévention gravé sur chaque DVD réalisé et produit en France n’a pas avancé d’un iota. "Nous allons reconstituer le groupe [qui avait réalisé la brochure "Les génies du porno"], mais ce projet de clip de prévention sera plus dur à mettre en place car il faut une coopération et un engagement fort, notamment financier, des réalisateurs" précise Hervé Beaudoin.

"La dynamique a été arrêtée, affirme Jacky Fougeray. Act-Up pourrait se demander ce qui s’est passé depuis son intervention ? C’est simple, cela a conduit à un désengagement voire à un retour en arrière de certains acteurs du dossier". En effet, la donne a évolué. Un diffuseur comme IEM a ainsi radicalement modifié son approche (il s’était d’abord engagé dans un contrôle de la diffusion des films bareback) et très largement révisé sa politique de diffusion de ce type de films (rubrique bareback explicite sur son catalogue et sur son site Internet, textes volontiers racoleurs…). Et les anciens partenaires ne discutent plus.
"Si on prend prétexte du premier blocage venu pour tout arrêter, cela veut dire qu’au point de départ, on n’était pas très déterminé à changer" tranche Jérôme Martin, président d’Act Up.

Ce n’est pas un problème pour Act Up pour qui les pistes lancées ne sont que des demies mesures qui ne permettent pas d’atteindre l’objectif que l’association s’est fixé : l’arrêt total de fabrication et de diffusion des films bareback en France.
L’association entend désormais tenter de convaincre le public de ne plus acheter, en appeler à l’éthique des réalisateurs pour qu’ils ne tournent plus ces films et à l’exemplarité des diffuseurs pour qu’ils cessent de les diffuser. "Nous avons choisi de désigner ceux qui, avec ce commerce, participent à la banalisation du sida, ceux qui, au mépris de toute éthique, font prendre des risques réels aux acteurs" précise Jérôme Martin. L’association cherche pour le moment à obtenir des diffuseurs et des réalisateurs un engagement à ne plus faire de bareback. "Il suffirait qu’un diffuseur s’engage à ne plus faire ce commerce, qu’un réalisateur indique qu’il ne tournera plus ce genre de films pour qu’ils montrent l’exemple et que d’autres les suivent. Il est certain alors que cela aurait un impact sur le comportement des spectateurs" avance Jérôme Martin. Reste une question : la pression ainsi orchestrée est-elle le meilleur et l’unique moyen pour résoudre le problème ?

Voir notre dossier "Faut-il interdire la vidéo bareback ?".

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