L'actrice a contacté le ministère de l'Intérieur pour évoquer le dossier du jeune gay dont l'arrêté de reconduite à la frontière avait été confirmé vendredi par la cour administrative d'appel de Bordeaux.
"J'ai reçu un appel de Josiane Balasko samedi [23 décembre, ndlr] à 22h48. Elle m'a annoncé que le ministre de l'Intérieur avait pris l'engagement par deux fois auprès d'elle de régulariser immédiatement la situation de Karim [pseudonyme du jeune homme]" confirme Matthieu Rouveyre, le second parrain du jeune gay algérien, conseiller municipal PS de Bordeaux et président de la Lesbian et Gay Pride de Bordeaux . "Cet appel est intervenu au moment où Karim rejoignait sa première planque et alors qu'une équipe de militants collaient les premières affiches pour sensibiliser sur la situation du jeune homme" explique-t-il.

En effet, la cour administrative d'appel de Bordeaux a estimé vendredi que l'arrêté de reconduite à la frontière pris par le préfet de la Gironde le 31 août contre le jeune homme "n'est pas entaché d'erreur manifeste d'appréciation" et a donc cassé la décision du tribunal administratif qui autorisait le jeune homme à demeurer sur le territoire français malgrè la décision préfectorale d'expulsion.

Quelques heures durant, l'angoisse et la peur d'une interpellation ont donc dominé. "Il ne peut absolument pas rentrer en Algérie. Sa mère l'a appelé au téléphone il y a trois jours, après que sa photo soit parue dans "El Watan", pour lui dire que s'il rentrait son père le tuerait", rappelle Matthieu Rouveyre.

L'intervention énergique et personnelle de Josiane Balasko, à quelques heures de Noël, a permis de lever quelque peu les inquiétudes et de permettre d'espérer un dénouement favorable. "Karim tient à exprimer toute sa gratitude vis à vis de toutes les personnes qui se sont mobilisées pour lui" soulignent les proches qui le soutiennent.

Les signataires de la pétition, son avocat Pierre Landète, les personnes présentes aux audiences, ses amis du lycée Marcel Dassault de Mérignac, les élus, les associations et tout particulièrement Josiane Balasko, sa marraine : tous sont soulagés même si la colère reste forte quant à la façon dont ce dossier a été traité par les autorités.

Pour l'Inter-LGBT, "les arguments retenus par la cour d'appel sont très contestables: les menaces encourues par Karim [en Algérie] ne sont pas théoriques".
Brigitte Lopez, du Réseau éducation sans frontières (RESF 33), "voit là un signe évident de durcissement de la situation pour ces jeunes, arrivés en France encore mineurs.

SOS homophobie dénonce "l'acharnement des représentants de la préfecture de Gironde ainsi que l'inaction, si ce n'est la complicité du ministre de l'Intérieur, alerté sur cette affaire par plusieurs associations et personnalités".

En effet, même si l'issue du dossier de Karim semble en bonne voie, force est de constater que seule une forte mobilisation et la médiatisation de l'affaire ont permis de faire reculer les autorités, qui ont tenté au maximum d'utiliser toutes les voies de droit pour faire expulser le jeune gay algérien en écartant les risques qu'il encourrait.

Mis en ligne le 26/12/06