Non-lieu dans l'affaire Sébastien Nouchet -

Non-lieu dans l'affaire Sébastien Nouchet

La justice a rendu lundi un non-lieu dans l'enquête sur l'agression présumée de Sébastien Nouchet qui avait accusé trois personnes de l'avoir brûlé dans son jardin en janvier 2004 à Nœux-les-Mines.

E-llico.com / Actus

Non-lieu dans l'affaire Sébastien Nouchet

Mis en ligne le 28/09/2006

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"Nous n'avons pas pu élucider l'affaire et un non-lieu a donc été rendu", a déclaré à l'AFP Louis Wallon, procureur de la République de Béthune, confirmant des informations parues dans le quotidien régional La Voix du Nord. "Nous n'avons aucune certitude dans un sens ou dans l'autre, on ne sait pas avec des circonstances probantes ce qui s'est passé", a-t-il ajouté, soulignant que le parquet n'envisageait pas de se retourner contre Sébastien Nouchet.

"L'hypothèse de l'agression n'est pas écartée" dans les conclusions de l'ordonnance de non-lieu, a souligné Me Jean-Jacques Delclos, l'avocat de M. Nouchet. "Dans ces conditions, sous réserve de ce qu'en pensera M. Nouchet, je ne pense pas que nous ferons appel", a-t-il précisé.
"Ce n'est pas du tout un fait volontaire de Sébastien. Il y a trop d'éléments qui confortent la thèse d'une agression extérieure, même si Sébastien Nouchet était dépressif", a-t-il ajouté, soulignant qu'il aurait fait appel si la thèse du suicide avait été avancée dans les motivations du non-lieu.

Selon Sébastien Nouchet, qui avait 35 ans à l'époque, trois personnes l'avaient aspergé d'essence avant d'y mettre le feu en janvier 2004 dans son jardin de Noeux-les-Mines, près de Béthune. Brûlé au troisième degré, il avait été hospitalisé en Belgique. Au moment de l'enquête, la justice avait déclaré qu'il avait déjà été victime de violences de nature homophobe, et que ses biens avaient déjà été dégradés pour les mêmes raisons.

Un jeune homme de 21 ans avait été mis en examen en mai 2004 pour cette agression, avant d'être mis hors de cause quelques jours plus tard. Le procureur de la République de Béthune a également confirmé que Sébastien Nouchet avait désigné un homme comme l'un de ses agresseurs alors que ce dernier était incarcéré au moment des faits.

Révélée début février, l'agression de Sébastien Nouchet avait provoqué de vives réactions et des manifestations de soutien à la victime, accélérant notamment l'idée d'une loi contre l'homophobie. Jacques Chirac avait écrit au compagnon de Sébastien Nouchet, soulignant sa "profonde indignation" face à ce "crime odieux". Le Premier ministre d'alors, Jean-Pierre Raffarin, lui avait également écrit.
Le garde des Sceaux de l'époque, Dominique Perben, avait reçu la mère et le compagnon de Sébastien Nouchet et dénoncé une "agression odieuse à caractère homophobe", demandant au parquet de Béthune d'agir "avec la plus grande fermeté".
Le 8 décembre 2004, après plusieurs reports, l'Assemblée nationale avait adopté un projet de loi créant la Haute autorité contre les discriminations incluant un dispositif contre le sexisme et l'homophobie.

>> Comment en est-on arrivé là ?

Le non-lieu rendu dans l'affaire Nouchet sonne comme un échec de l'enquête. Comment en est-on arrivé là, est-on tenté de se demander ?

Pour le comprendre, il faut revenir sur les conditions même dans lesquelles s'est déroulée l'enquête –et en particulier à ses débuts. Les avocats de Sébastien Nouchet et de la partie civile n'ont jamais cessé de dénoncer le défaut de rigueur et de moyens déployés par la police immédiatement après l'agression pour tenter de recueillir des éléments sérieux et tangibles de preuves quant aux conditions dans lesquelles le drame s'était produit, en particulier du côté de la police scientifique. Manifestement, beaucoup de temps a été perdu alors, qui n'a pu être rattrapé au fil de l'enquête et de l'instruction.

L'absence de ces précieux éléments de la première heure a ensuite fait défaut, et depuis plusieurs mois l'issue du non-lieu se profilait.

Cette issue est évidemment dramatique pour Sébastien Nouchet et ses défenseurs qui peuvent redouter qu'elle crée un doute sur l'authenticité même de l'agression dans l'opinion.

Voir l'édition spéciale/archives Sébastien Nouchet.

Mis en ligne le 26/09/06

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