Un geste pour Noël ? La crainte de ternir son image à jouer l’intransigeant dans un cas emblématique défendu par une vedette populaire ? Nul ne sait au final, ce qui a conduit Nicolas Sarkozy à revenir sur la décision d’expulsion d’un jeune gay algérien, mais il l’a fait. C’est ce qu’a annoncé la comédienne Josiane Balasko, "marraine" républicaine du jeune homme, fin décembre. "Elle m’a dit avoir eu, par deux fois, Nicolas Sarkozy en ligne qui s’est engagé à faire délivrer des papiers à Karim que nous soutenons" précise Matthieu Rouveyre, militant PS et LGBT qui est aussi le "parrain" républicain du jeune homme. "La mobilisation a été exemplaire. A la fois, avec la pétition, le réseau de solidarité puisque de nombreuses personnes avaient proposé d’accueillir et de cacher Karim, mais sans l’action déterminante de Josiane Balasko qui a répondu tout de suite à notre appel, Karim serait déjà en Algérie" constate Matthieu Rouveyre.

"Elle a eu un rôle de déclencheur déterminant, note Alain Piriou de l’Inter-LGBT. Nous avions, de notre côté, interpellé le ministère suite à la décision de la cour d’appel administratif de Bordeaux qui statuait que la reconduite à la frontière de Karim était légale, mais rien ne se passait. Nous avons, bien entendu, expliqué au cabinet du ministre de l’Intérieur que, dans ce cas, et compte tenu des menaces réelles que Karim encourait s’il rentrait en Algérie, leur position n’était pas normale ni tenable et ferait l’objet d’une campagne de notre part. Mais, il est clair que le fort engagement de Josiane Balasko avec son parrainage a été un appui important à la mobilisation des militants, dans un contexte de durcissement de Sarkozy sur les questions LGBT."

En proie depuis des semaines à beaucoup d’angoisse et de craintes, Karim et son compagnon français ont accueilli avec satisfaction l’annonce, de la bouche même de Josiane Balasko, du geste ministériel. "L’avocat de Karim se rendra à la préfecture pour y retirer le document officiel promis par le ministre, explique Matthieu Rouveyre. Un document qui devrait clore cette affaire qui n’aura pas été sans quelques dommages pour Karim. Certes, il pourra rester en France, mais la publication de sa photo dans "Sud Ouest" lui a posé quelques problèmes et sa mère lui a déconseillé de rentrer en Algérie — où sa photo a aussi été publiée dans "El Watan" — sinon son père le tuera !"

Jean-François Laforgerie

>> Un cas d’école

Fuyant sa famille qui a découvert son homosexualité, Karim arrive à 16 ans en France pour y suivre des études dans un lycée en Gironde. Ses ennuis commencent lorsque la préfecture décidé de le renvoyer chez lui. Une première décision de justice lui est favorable. La préfecture fait appel et la cour d’appel administratif de Bordeaux confirme (22/12) sa reconduite à la frontière alors même que des menaces réelles pèsent sur lui. La mobilisation et la médiatisation de son cas lui valent d’avoir aujourd’hui la promesse de papiers pour rester en France.

Mis en ligne le 27/12/06